Une toute petite partie de Marocains adhère à des formations politiques. Ce taux, selon les conclusions du Rapport du cinquantenaire sur le développement humain au Maroc élaboré par une équipe dirigée par Meziane Belfkih, ne dépasse pas 2%.
Le même taux revient pour l’adhésion à des organisations syndicales alors que l’action associative l’emporte avec 7 % des Marocains qui adhèrent à des ONGs. Et même là, selon l’étude nationale sur les valeurs, l’un des quatre rapports transversaux du rapport global, la tendance est aux ONGs de quartier et de développement local. Cet état de fait ne changera pas de sitôt puisque 10 % des personnes interrogées dans le cadre de cette étude disent souhaiter adhérer à un parti politique, 12 % à des organisations syndicales et, respectivement, 32% et 41% à des associations de quartiers ou de développement local. Autre fait notable, les ruraux sont plus portés sur les ONGs que les citadins (10 % contre 6 %), ce qui confirme une nouvelle tendance nationale dans le milieu associatif.
Cette étude éclaire aussi l’un des aspects du flou de la scène politique nationale.
19 % des Marocains, à en croire les résultats, arrivent à se situer politiquement. Ainsi, 8% des enquêtés se disent de droite, 7% du centre et seulement 4% de gauche. 49%, pourcentage significatif, se disent incapables de préciser leur position politique. Cette "méconnaissance" n’épargne aucune tranche d’âge avec un "pic" chez les "60 ans et plus" (50%). Les auteurs de cette étude avancent le déficit de connaissance comme principal facteur responsable de cet état de fait.
Les partis politiques récoltent également le plus faible score quand on en vient à mesurer le degré de satisfaction des Marocains vis-à-vis de leurs institutions. Les formations politiques sont créditées de 13%. Communes et Parlement ne sont pas mieux lotis puisque seulement 25% et 21% des Marocains s’en disent satisfaits. L’école reste l’institution la plus cotée.
Toutefois, signe positif, 64 % des Marocains se disent confiants dans l’avenir du pays. Cette attitude est plus ancrée chez les "60 ans et plus" (72 %) que chez les jeunes avec respectivement 51,5% et 56,6% pour les catégories d’âge "18-24 ans" et "25-34".
Les ruraux aussi sont plus confiants que les citadins (66,7 % contre 62%). Les femmes ont plus confiance que les hommes alors que les premières ne sont plus "mal vues" en politique.
82% des sondés dans le cadre de cette étude disent être prêts à voter pour une femme. Ce taux est plus élevé chez les "25-34 ans" et les "35-44 ans" (84% et 85,5%).
Dans leur approche de l’action politique, les Marocains s’attachent toujours à des considérations plutôt d’ordre moral. Assez souvent, les catégories morales l’emportent sur les discours politiques. Pour 91% des enquêtés, le "Ma’qoul" (intégrité, sérieux et transparence) est le critère le plus important, suivi par le niveau d’instruction du candidat (37%).
Cette étude démontre que ce genre de critères a toujours cours dans la vie des Marocains que ce soit pour le choix du conjoint ou des transactions commerciales.
Cette étude, dans l’impossibilité de faire entrer en jeu des critères retenus dans plusieurs autres pays, s’est basé aussi sur des indicateurs comme l’inscription sur les listes électorales et le vote.
Aux dernières élections législatives, 70 % des Marocains inscrits sur les listes électorales (82%) se sont rendus aux urnes.