L’urgence d’une recomposition du champ politique de façon à lui assurer crédibilité et visibilité notamment par l’émergence de forces politiques significatives avec des visions, des choix et des stratégies claires, telle est la principale attente exprimée par des intellectuels marocains lors d’une conférence-débat organisée à Casablanca, jeudi dernier, par l’association «Alternatives».
Intervenant lors de cette conférence axée sur le thème «Le Maroc Politique, en quête de sens», et à laquelle s’est associée la Fondation Frederich Ebert Stiftung, Driss Benali, président d’Alternatives, a d’emblée souligné qu’en dehors de la transition du pouvoir, de certains acquis en matière de droits de l’Homme et de réformes de type technocratique, les réalisations concernant les autres dossiers «sont restées largement inachevées pour ne pas dire non entamées pour nombre d’entre elles ». M. Benali estime qu’on est en face «d’une situation confuse où se conjuguent avancées et reculades en termes de modernité, où l’outil du changement, c’est-à-dire la classe politique, pose elle-même des problèmes, ce qui est loin de favoriser le climat de confiance indispensable à la l’édification ».
Pour sortir de cette situation, il estime que le Maroc a besoin notamment d’une vision de l’avenir, d’une stratégie claire et de partis politiques en mesure d’assurer et de mettre en oeuvre les changements qui s’imposent et de préserver les choix démocratiques et de construction économique et sociale avec un « Etat de droit fort ». Mme Hind Taarji, journaliste et écrivain, affirme avoir été déçue par le gouvernement d’alternance qui, selon elle, «n’a pas répondu aux attentes des Marocains et n’a pas pu opérer une rupture avec les méthodes de gestion de la chose publique» suivies par le passé. De son côté, Abdelahad Fassi-Fihri, membre du PPS, a reproché au précédent gouvernement «son incapacité à mettre en oeuvre une stratégie claire».
Pour le vice-président de la Fondation Bouabid, l’une des raisons qui empêchent une perception claire des choses tient au fait que «les termes du débat politique sont faussés car ce qui intéresse les électeurs c’est la capacité du gouvernement à répondre à leurs attentes».
M. Bouabid pense que «la politique est une affaire d’objectifs clairs et non pas de surenchère».