L’bouffa : 878 affaires traitées et 1.044 arrestations en trois ans

91,28 % des consommateurs sont âgés de 18 à 55 ans

Etude : L’Observatoire national de la criminalité a publié une étude analytique sur le phénomène de la drogue L’bouffa au Maroc qui s’est propagée depuis 2020. Les quantités saisies de cette drogue synthétique ont évolué de manière continue en passant de 493 grammes en 2022 à 9.697 en 2024.

L’Observatoire national de la criminalité, relevant du ministère de la justice a récemment publié une étude analytique sur le phénomène de la drogue L’bouffa au Maroc. Cette étude intitulée «La drogue L’bouffa au Maroc: analyse des tendances et réponses stratégiques» met en exergue la montée en puissance de cette drogue synthétique qui est composée de résidus de cocaïne mélangés à diverses substances chimiques et médicaments. Cette drogue est apparue en 2020 et sa propagation s’est accrue durant la pandémie Covid-19 en raison des difficultés d’accès aux drogues importées, relève l’étude. L’analyse effectuée par l’Observatoire s’est basée sur le traitement des données statistiques officielles émanant de la Direction générale de la sûreté nationale et du Commandement général de la gendarmerie royale pour la période 2022-2024. L’étude indique qu’entre 2022-2024, les services de sécurité ont traité 878 affaires liées à cette drogue, ayant abouti à l’arrestation de 1.044 personnes avec la saisie de plus de 18 kilogrammes de cette substance. Trois décès liés à sa consommation ont été enregistrés. Les quantités saisies de cette drogue ont évolué de manière continue en passant de 493 grammes saisis en 2022 à 8.014 grammes en 2023, puis 9.697 grammes en 2024.

Le nombre d’arrestations a également évolué de 92 personnes en 2022 à 482 arrestations en 2023, puis 470 en 2024. La propagation de la drogue L’bouffa se concentre essentiellement dans le milieu urbain avec 82% des procès-verbaux et 76% des arrestations. Concernant le profil socio-démographique, il apparaît que 88,9% des personnes impliquées sont de sexe masculin et 91,28 % appartiennent à la tranche d’âge de 18 à 55 ans. Une grande partie des consommateurs de cette dogue n’est pas scolarisée ou dispose d’un niveau d’instruction très limité, ce qui reflète une fragilité sociale qui les rend plus vulnérables. Pour lutter contre ce phénomène, l’Observatoire national de la criminalité a souligné la nécessité de l’achèvement du cadre réglementaire du dahir de 1974 et l’établissement de définitions précises des drogues synthétiques avec le renforcement des sanctions relatives à la production locale illicite. L’Observatoire a appelé au développement des capacités techniques à travers la mise à jour des laboratoires avec les technologies les plus avancées et la formation d’experts spécialisés en analyse chimique, en plus de l’adaptation des protocoles thérapeutiques aux spécificités des drogues synthétiques.

L’étude note que le Maroc dispose de composantes institutionnelles de haute efficacité pour faire face à ce défi à travers les autorités d’application de la loi, l’expertise de l’Observatoire marocain des drogues et addictions, le réseau de centres de traitement spécialisés qu’il convient de renforcer, en plus de la position de leadership du Royaume dans les instances des Nations Unies de lutte contre les drogues. Pour rappel, l’Organe international de contrôle des stupéfiants avait mis en garde dans son rapport de 2024 contre «l’expansion rapide de l’industrie des drogues synthétiques illicites», la considérant comme «une menace majeure pour la santé publique mondiale». De même, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a confirmé dans son rapport de 2025 la domination croissante des drogues synthétiques.