Société

Le berger violeur

« Oui, c’est moi…elle voulait…de son…plein gré, …M. le président » avoue Mohamed avec un ton hésitant devant le président de la Chambre Criminelle près la Cour d’Appel de Settat. Il n’a pas tenté, durant les deux heures de l’examen de son dossier, de tourner la tête pour voir les membres de sa famille ou d’échanger avec eux les signes de salut. Il n’avait même pas osé la lever devant le président sauf lorsqu’il le lui demandait. Par pudeur? Certes. Mais il a levé sa tête lorsque le représentant du ministère public a entamé son réquisitoire. Il aurait pensé que ce dernier garde une rancune contre lui. Il ignore qu’il représente et défend la société, y compris lui même. « Ce mis en cause n’a pas pris en considération l’état de la santé de la victime, qu’elle est débile mentale…le mis en cause a profité de sa maladie pour satisfaire ses besoins sexuels… », explique le représentant du ministère public à la Cour. Mohamed est resté bouche-bée, les yeux hagards, comme s’il disait: « Que faisais-je à cet homme pour qu’il me traite ainsi ? ».
Il a dix-huit ans, ce jour du janvier. Sa famille baigne dans la pauvreté et la misère au douar Ouled Ahmed, Ben Ahmed, province de Settat. Ni lui, ni ses six frères et soeurs n’ont mis les pieds à l’école. Ils ont tous été élevés par une mère, femme de foyer et un père, berger. Depuis qu’ils ont ouvert, pour la première fois, leurs yeux dans cette terre, ils ont grandi près des moutons et quelques boeufs de leur père. Lorsqu’ils sont arrivés à un certain âge, ils ont commencé à aider leur père à conduire le bétail vers les pâturages.
Cependant la sécheresse qui avait ravagé le Maroc a marqué le père de Mohamed. Elle l’a réduit à la misère totale. Il ne dispose plus d’un seul mouton. Tout s’est évaporé. Il commence à travailler dans les terrains des grands agriculteurs. Ses enfants restent sans la moindre activité, ils n’ont pas pensé de regagner la ville comme d’autres jeunes du douar. Pourquoi? Leur mère refuse catégoriquement qu’ils la quittent. Huit mois plutôt, Mohamed a rejoint une famille du douar qui dispose d’importants lots de terrains agricoles et d’important troupeau de bétail. Il a été presque adopté par cette famille.
Elle ne le laisse pas se rendre chez lui. Il séjourne chez elle comme l’un de ses dix enfants. En contrepartie, Mohamed lui garde le troupeau durant la journée. Fatna est une débile mentale de vingt-cinq ans, fille de l’employeur de Mohamed. Elle lui portait quotidiennement le petit-déjeuner et le déjeuner à la prairie. Elle restait près de lui avant qu’il termine son repas, lui parlait de n’importe quoi et de rien. D’une semaine à l’autre, Mohamed s’est habitué à elle. Il n’a pas hésité un jour de lui enlever la jupe et lui descendre le slip. Par la force?. » Non » a-t-il répondu devant la police, le procureur général et devant la Cour. « Oui » a-t-elle dit devant les enquêteurs et le représentant du ministère public. Elle ne s’est pas présentée devant la Cour, elle et son père qui a porté la plainte, bien qu’ils aient été convoqués. Trois mois plus tard, la soeur de Fatna se rend compte que cette dernière est enceinte. « Qui t’a fait ça, lui demande la soeur. » Mohamed » répond-t-elle. « Il a l’âge de l’adolescence, près d’une fille de vingt-cinq ans presque quotidiennement. Que pense-t-on de résultat de telles rencontres? » s’interroge l’avocat de la défense lors de la plaidoirie. Mais la Cour était claire dans son jugement: « Mohamed est jugé coupable ». Il a été condamné à trois ans de prison ferme.

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