Société

Le comble pour un soldat du feu

Le caporal Abdellah Chahid, élément de la Protection civile à Casablanca, est conscient de l’importance de sa mission dans la société.
A l’instar de ses collègues, il s’expose aux risques, avec abnégation et esprit de sacrifice pour le bien des autres. Ce qui lui importe, c’est la sécurité et la tranquillité des citoyens. Il est conscient depuis son premier jour dans le corps de la Protection civile que le danger est omniprésent dans sa profession. Il était en tenue de fonction, à la caserne, en ce jour du mardi 30 décembre 2003, quand la sirène sonna vers 22h 15. Destination : la zone industrielle au quartier Aïn Sebaâ, à Casablanca où un très gros incendie s’est déclaré à la société SMCP, spécialisée dans la fabrication du carton. Le caporal Abdellah et ses collègues ne savent pas s’ils retourneront chez eux sains et saufs. Ils s’aventurent, allant au-devant de leur destin avec pour seul objectif de sauver la vie des autres. Ils se répartissent entre cinq fourgons-pompes tonnes, un camion-citerne ravitailleur et quatre ambulances avant de prendre leur chemin à destination de leur objectif. Sur les lieux, ils courent à droite et à gauche, utilisent les lances d’eau pour maîtriser le feu et le circonscrire. Les minutes passent et les flammes du feu existent toujours. Les éléments de la Protection civile ne ménagent aucun effort dans leur lutte contre les flammes qu’ils devaient vaincre au bout de cinq heures. Les dégâts ? Cinq personnes blessées, dont une dans un état très grave.
Tous des éléments de la Protection civile. Transportés vers les urgences de l’hôpital Mohammed V, au quartier Hay Mohammadi, quatre d’entre eux en repartent quelques heures plus tard. Un seul reste. Il s’agit du caporal Abdellah Chahid, qui est tombé dans un bassin de fuel. Un combustible liquide issu de la distillation du pétrole brut et qui lui a causé de graves brûlures du deuxième degré. A défaut de soins nécessaires, il a été transporté à l’hôpital Ibn Rochd. Mais, là encore, les soins restent insuffisants. Pourquoi le caporal Abdellah Chahid reste-t-il ballotté entre ces hôpitaux publics où les soins restent insuffisants ? Pourquoi n’a-t-il pas été évacué vers une clinique privée, bien équipée ? La réponse est qu’il ne dispose, à l’instar, de tous collègues, ni d’une assurance «accident du travail», ni d’un permis de risque, lui permettant d’y accéder. Ils ne disposent que d’une assurance-décès suite à un accident, explique un élément de la Protection Civile qui a requis l’anonymat. «Il est bizarre que l’Etat oblige les sociétés privées à contracter des assurances accidents du travail, alors qu’il en prive ses fonctionnaires de la Protection civile», explique un autre élément de la Protection Civile. Le salaire de Abdellah Chahid peut-il répondre au coût de son hospitalisation dans une clinique ? Non, répondent la majorité des éléments de ce corps. Car un salaire qui varie entre 2400 et 6000 dirhams, selon le grade et l’ancienneté, ne peut faire face aux frais des médicaments et des soins en cas d’accident de travail. Ce qui est étrange, c’est qu’avant 1987, lorsqu’ils travaillaient sous la tutelle des collectivités locales, ils disposaient d’une assurance «accidents du travail». Un droit qui a disparu après leur intégration au ministère de l’Intérieur. Depuis, ce sont les oeuvres sociales de la Protection Civile qui supportent les frais. Mais cela reste insuffisant, comme l’a expliqué un élément de la Protection Civile. Pour le cas du caporal en question, il a fallu des interventions de haut niveau pour qu’il soit admis à l’hôpital militaire à Rabat.
Doit-on attendre, à chaque fois, une intervention de haut calibre pour être soigné à la hauteur de notre noble mission ? C’est la question que se posent plusieurs soldats du feu, inquiets pour les risques qu’ils encourent à tous les niveaux.

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