Après plus d’une année et demie de son existence, la Chambre des représentants est arrivée, lors de son mandat actuel, à trouver un accord sur son règlement intérieur. Une tâche qui était très difficile à réaliser en raison du laxisme qui prévaut au sein de cette institution élue et de l’absence de prise de contrôle pour les dirigeants des partis politiques à l’égard de leurs élus.
Le consensus était difficile en ce qui concerne surtout l’adoption de certaines mesures de sanction à l’égard des élus qui s’absentent et surtout vis-à-vis du phénomène de la transhumance.
Inutile de rappeler que cette question était plus posée par l’opinion publique que par les députés et que dès le départ il n’a jamais été question d’un changement radical au niveau du comportement des élus. Qui parmi eux aurait l’audace de demander la sanction d’un de ses collègues quand ce dernier brille par son absence ou change d’appartenance politique ? Il est évident que ni la composition actuelle des deux chambres du Parlement, ni la nature même de bon nombre d’élus ne permettent de telles mesures. Par conséquent, il était prévisible que la présidence de la première chambre allait opter en faveur de la réconciliation et d’une position de souplesse. D’une part pour éviter à ses détracteurs de continuer à la critiquer pour absence de règlement intérieur, et d’autre part, pour contourner ce blocage et arracher le plus d’acquis possible, en attendant des jours meilleurs.
A force de vouloir surmonter cet obstacle, même les élus qui appelaient à la réforme, ont été contraints de faire des concessions allant à l’encontre de leurs convictions. Au lieu de continuer de servir de moyen pour faciliter l’action et rationaliser les attitudes et comportements des élus, la mise en place d’un règlement intérieur est devenue une fin en soi, dans la mesure où son esprit réformateur a été vidé de sa substance. Lors des débats, il s’est avéré qu’il n’y avait aucune possibilité pour inciter la majorité des députés à respecter la volonté des électeurs, par le rejet de la transhumance et la régularité du travail au sein des commissions.
Après une trentaine de réunions et plus de 150 heures de discussion, les résultats officiels des élections législatives n’ont pas été retenus, en tant que critère de classement des partis politiques, et la voie a été ouverte à la libre circulation des élus. Sans aucun respect de la volonté de leurs électeurs qui ont voté en faveur de listes partisanes.
Le seul recours qui reste à présent pour remédier à cette situation et lutter contre le phénomène du nomadisme des élus réside dans l’introduction de ce volet dans le projet de loi concernant les partis politiques, lequel sera probablement débattu lors de la prochaine session parlementaire.
Interrogé à ce sujet, Driss Lachgar, président du groupe USFP, à la Chambre des représentants, nous a déclaré qu’en se dressant contre le nomadisme, son parti ne le fait pas par crainte de perdre des sièges, mais par conviction et volonté de défendre l’image du paysage politique du pays. « Nous n’avons jamais cessé de recevoir des demandes d’adhésion de la part des élus, mais nous nous sommes abstenus à répondre à ces demandes par respect aux électeurs», a-t-il annoncé.
Autre problème non moins important a trait à l’absence des élus. A titre d’exemple, lors de la réunion de la Commission parlementaire consacrée à l’adoption du Code de la famille, seuls les élus de l’USFP et du PJD membres de cette commission étaient présents. La majorité des membres des autres partis ont été absents ; et ce, sachant l’importance du sujet et les directives royales annoncées à cet effet.
La sanction qui a finalement été retenue pour alléger le poids de cette lacune porte sur les prélèvements sur les indemnités concernant les jours d’absence. Or, au départ, il était question d’un prélèvement du tiers d’indemnités après une troisième absence injustifiée. Bref, il semble qu’à l’image du paysage politique global, un long chemin reste encore à faire avant de pouvoir espérer à un véritable assainissement de l’action partisane.