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Le HCP décortique le profil et les déterminants des jeunes NEET au Maroc

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Education, disparités régionales, contexte familial…

Une nouvelle étude du Haut-Commissariat au Plan (HCP) analyse le profil des jeunes NEET (ni emploi, ni éducation, ni en formation) et met en exergue l’influence prépondérante du niveau d’éducation, de l’état matrimonial, de l’âge, du genre, du niveau d’éducation du chef de ménage et de la géographie sur la probabilité de se retrouver NEET.

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) vient de publier une étude sur les jeunes NEET (ni emploi, ni éducation, ni en formation) au Maroc à partir de l’enquête nationale sur l’emploi 2022. Cette étude s’attache à fournir une analyse approfondie de la composition, des tendances et des implications socio-économiques de ce groupe démographique particulier. Au Maroc, plus de 25% des jeunes âgés de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET, soit 1,5 million de jeunes. Plus d’un quart des jeunes NEET (27,6%) sont au chômage, tandis que les trois quarts (72,4%) restants sont inactifs, ne manifestant pas d’intérêt actif pour l’insertion professionnelle. Par ailleurs, une analyse différenciée selon le genre met en lumière des disparités significatives. Les jeunes femmes sont disproportionnellement touchées par la « NEETitude » , avec un taux atteignant 37,3% chez cette population, comparativement à 13,5% chez les hommes. Une analyse géographique révèle des variations régionales dans la répartition des jeunes NEET. Bien que la prévalence soit plus marquée en milieu urbain (51,4% des jeunes NEET sont en milieu urbain), certaines régions telles que Béni Mellal-Khénifra (30,6%) et l’Oriental (28,1%) affichent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (25,2%). L’analyse du profil socio-économique des chefs de ménage des jeunes NEET révèle des tendances significatives. 85% vivent dans des ménages dirigés par un homme et 87% des chefs de ménage ne possèdent aucun diplôme. Le HCP relève que cette analyse de la situation des jeunes NEET au Maroc met en évidence la complexité et la diversité des circonstances auxquelles ils font face. Cette étude met en exergue la nécessité d’adopter une approche holistique et différenciée pour comprendre pleinement les défis et les opportunités qui se présentent à cette cohorte de jeunes.

Les femmes NEET au Maroc
Selon le HCP, 37,3% des femmes âgées de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET. En milieu rural, elles sont 51,5% contre 28,2% en zone urbaine. Le HCP relève des disparités régionales importantes. En effet, quatre régions abritent plus de la moitié des femmes NEET (57,6%), à savoir Marrakech-Safi, Casablanca-Settat, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra. En outre, six régions présentent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (37,3%). La majorité des femmes NEET (87,5%) sont inactives, principalement en raison de ses responsabilités familiales (94,5% sont des femmes au foyer). Par ailleurs, une proportion significative de ces femmes inactives réside dans des zones rurales (60%), ce qui témoigne d’une prévalence notable de NEET dans les milieux ruraux du pays.

Quant aux jeunes femmes NEET inactives, une majorité considérable déclare ne pas être disponible pour travailler. Les raisons principales invoquées incluent l’implication dans l’éducation des enfants et les tâches ménagères (74,8%), ainsi que l’opposition manifestée par le conjoint, le père ou d’autres membres de la famille (8%). Dans son étude, le HCP fait remarquer que le désintérêt pour l’emploi est évoqué comme un facteur, ce qui met en évidence l’impact des normes socioculturelles sur les aspirations professionnelles des femmes, d’où la nécessité d’une approche holistique pour promouvoir leur inclusion socio-économique. D’autre part, le HCP signale que 85% des femmes dépourvues de diplôme se trouvent dans cette situation, tandis que seulement 17,3% de celles disposant d’un diplôme supérieur sont NEET. Le HCP estime que l’accès à l’éducation formelle apparaît comme un levier essentiel pour atténuer la « NEETitude » et offrir des opportunités d’emploi et de formation. Il faut aussi noter que le taux de NEET varie considérablement en fonction de l’âge atteignant 22,9% chez les 15-19 ans et 55,9% chez les 20-24 ans.

Les facteurs influençant la probabilité d’être NEET
L’éducation, le statut matrimonial, la situation familiale, la région de résidence et le statut d’emploi du chef de ménage constituent des facteurs primordiaux dans la détermination du statut NEET (ni études, ni emploi, ni formation). Une série d’analyses de régression logistique binaire a été entreprise afin d’explorer les déterminants du statut des NEET. La variable dépendante dans ces analyses a été le statut NEET, tandis que plusieurs variables ont été examinées en tant que variables indépendantes, notamment le sexe, le niveau d’éducation, la situation matrimoniale, le groupe d’âge, le type d’activité du chef de ménage, le diplôme le plus élevé obtenu par le chef de ménage, ainsi que les régions géographiques. Ainsi, le niveau d’éducation se révèle être un facteur déterminant du statut NEET. Les jeunes qui n’ont pas achevé leur cursus scolaire encourent un risque nettement plus élevé d’être NEET. En effet, le risque est 15 fois plus élevé pour ceux dont le niveau d’éducation n’excède pas le primaire par rapport à ceux ayant un niveau d’études supérieur.

Toutefois, ce risque est considérablement réduit pour les jeunes ayant atteint le niveau secondaire collégial/qualifiant. L’analyse logistique met en évidence l’importance de la situation matrimoniale dans la détermination du statut NEET. Les jeunes mariés présentent 5,4 fois plus de risques d’être NEET que les jeunes non mariés, ce qui met en évidence l’effet des obligations familiales et des normes sociales sur le statut NEET, particulièrement pour les femmes mariées. L’âge constitue également un facteur significatif dans la probabilité d’être NEET. Les résultats démontrent que les jeunes âgés de 20 à 24 ans ont une probabilité plus élevée d’être NEET que ceux âgés de 15 à 19 ans. Par ailleurs, ceux vivant dans un ménage où le chef n’a aucun diplôme ont deux fois plus de risques d’être NEET que ceux vivant avec un chef de ménage titulaire d’un diplôme supérieur. Il faut aussi relever que la présence d’un chef de ménage actif occupé réduit significativement le risque d’être NEET pour les jeunes.

Ainsi, les jeunes vivant avec un chef de ménage actif ont 17,7% de chances en moins d’être NEET par rapport à ceux vivant avec un chef de ménage inactif. L’analyse révèle l’existence de disparités géographiques importantes dans le risque d’être NEET. Les jeunes résidant dans certaines régions, telles que Béni-Mellal Khénifra, Fès-Meknès et l’Oriental, ont une probabilité plus élevée d’être NEET que ceux qui vivent dans d’autres régions, comme Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

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