«Les Arabes ne doivent pas prendre des engagements qu’ils ne sont pas capables de respecter». C’est en ces termes que le ministre des Affaires étrangères du Maroc s’est adressé à ses interlocuteurs arabes qui continuent à brandir le fanion de la suspicion à chaque fois que la question palestinienne traverse des moments difficiles. Le chef de la diplomatie marocaine Mohamed Benaïssa et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa ont appelé samedi à éviter « la surenchère verbale » inter-arabe après la report de la réunion extraordinaire des chefs de diplomatie arabes consacrée au Proche-Orient. « Il ne faut pas qu’il y ait de la surenchère de la part de certains arabes sur les positions d’autres (pays arabes) », a déclaré M. Moussa aux journalistes à l’issue d’un entretien avec M. Benaïssa, arrivé au Caire dans la nuit de vendredi à samedi. A la question de savoir si le report de cette réunion, qui était initialement prévue dimanche à Doha, était dû à des divergences interarabes, M. Moussa a affirmé que les ministres arabes « ont estimé qu’il n’était pas nécessaire de tenir deux réunions, l’une de la Ligue arabe et l’autre de la l’Organisation de la conférence islamique (OCI) en même temps ». Des diplomates arabes avaient affirmé vendredi que la réunion extraordinaire du Conseil ministériel de la Ligue arabe a été reportée car les alliés arabes des Etats-Unis souhaitent ménager Washington dans la recherche d’un arrêt des violences. Une source arabe de haut rang avait également affirmés que « le camp des modérés arabe craignait une surenchère dans la condamnation d’Israël et de la politique américaine menée par le camp des durs comme la Syrie, à l’occasion de la réunion du conseil de la Ligue arabe ». Estimant que la période était « délicate et grave », le ministre marocain a pour sa part affirmé « la nécessité d’éviter la surenchère entre Arabes qui ne doivent pas prendre des engagements qu’ils ne sont pas capables de respecter ». « Nous allons à Doha pour réactiver la paix et soutenir les pays qui peuvent contribuer à la dynamique de la paix entre Israéliens et Palestiniens », a-t-il dit à l’issue d’un entretien avec son homologue égyptien Ahmed Maher. M. Benaïssa faisait allusion aux efforts de conciliation déployés par l’Egypte, dont le chef de diplomatie s’est rendu jeudi en Israël et dans les territoires palestiniens. Cela dit, il va sans dire que depuis plusieurs décennies la surenchère verbale a eu droit de cité dans les coulisses diplomatiques, alors que sur le terrain, le soutien à la cause palestinienne demeure faible et incapable de changer les rapports de forces qui prévalent dans la région du Moyen-Orient. Mais en dépit de tout cela, l’on continue à plaider pour le durcissement du ton, un durcissement nuisible et pour la paix et pour la crédibilité de certains pays arabes qui sont , des fois, les premiers à se désolidariser avec les Palestiniens et à leur créer des problèmes.