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Le Maroc fait face à sa pire sécheresse depuis 40 ans

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Eau: Avec seulement 600 mètres cubes d’eau par habitant et par an, le Maroc se rapproche rapidement du seuil de pénurie absolue en eau.

L’année 2022 est la pire année de sécheresse qu’ait connue le Maroc depuis près de 40 ans. Le pays subit un sévère déficit pluviométrique et une baisse alarmante des réserves des barrages. Au-delà des facteurs climatiques, la forte demande en eau et la surexploitation des nappes phréatiques contribuent à faire pression sur les ressources hydriques. Dans son rapport sur le climat et le développement, la Banque mondiale avait tiré la sonnette d’alarme sur la pénurie d’eau au Maroc. L’institution financière internationale avait souligné dans son rapport que le Maroc est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde et se rapproche rapidement du seuil de pénurie absolue en eau fixé à 500 m3 par personne et par an. Ce seuil pourrait être atteint avant même la fin de la décennie. Avec seulement 600 mètres cubes d’eau par habitant et par an, le Maroc se situe largement sous le seuil de la pénurie hydrique.

Entre 1960 et 2020, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables est passée de 2.560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, plaçant le Maroc en situation de stress hydrique structurel (moins de 1.000 m3). La Banque mondiale estime que la pression sur les eaux souterraines a considérablement augmenté, jusqu’à atteindre un niveau de surexploitation estimé à près de 30%, surtout pendant les années sèches. L’institution financière internationale rappelle qu’outre la construction de 149 barrages, le Maroc a créé 15 interconnexions entre bassins hydrographiques, sur environ 785 kilomètres, pour répondre aux besoins en eau des municipalités et de l’irrigation.

En dépit de ces investissements massifs, «l’écart entre l’offre et la demande en eau est actuellement estimé à 1,8 milliard de m3/an à l’échelon national avec des déficits structurels enregistrés dans les bassins du Souss-Massa, du Tensift, de la Moulouya et de l’Oum Er Rbia», note le rapport. La variabilité et le déclin des précipitations ont compromis l’efficacité de l’approche axée sur les infrastructures, le volume d’eau réel dans les réservoirs ayant une tendance baissière sur la dernière décennie. Dans une perspective à plus long terme, la Banque mondiale relève que la réduction de la disponibilité en eau et la baisse des rendements agricoles due au changement climatique pourraient réduire le PIB à hauteur de 6,5%. Celle-ci estime que l’investissement dans les infrastructures est une condition nécessaire mais qui n’est pas suffisante pour relever le défi de la pénurie d’eau.

Compte tenu de la grande vulnérabilité du Royaume aux sécheresses et à la pénurie d’eau, l’investissement dans les infrastructures hydrauliques apporte des bienfaits économiques et doit rester une priorité. Mais, sur la base de l’expérience internationale et de nombreuses études, ces bienfaits ne se manifesteront pleinement que si le développement des infrastructures est associé à des interventions telles que la gestion de la demande en eau, la gouvernance de l’eau et des actions visant à modifier les comportements.

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