ALM : Pouvez-vous nous expliquer votre invention ?
Dr Mohamed Ouhane : Il s’agit de l’Empreinte génétique numérique (EGN), c’est-à-dire tout simplement d’une nouvelle lecture de l’ADN qui consiste en son décryptage. Autrement-dit, une traduction de l’ADN en numérique. Cette innovation qui porte mon nom est obtenue après le traitement d’un grand nombre de données révélant par conséquent l’identification d’une personne et lui donnant un code d’identification. Bref, l’EGN permet à chaque individu d’avoir son propre code personnel qu’on peut ajouter à son fichier national.
Qu’apporte de nouveau cette innovation ?
Elle apporte indubitablement beaucoup de choses. Pour simplifier, prenons par exemple la découverte du corps d’une personne inconnue. Il suffit de faire l’analyse de son ADN pour arriver à son EGN et par conséquent à l’identifier facilement. De même, dans le cas d’une victime de viol, nous prélevons le sperme du violeur sur la victime et nous analysons l’ADN, il s’avère très facile d’identifier le criminel, puisque nous disposons de son EGN.
Cela suppose d’abord avoir l’ADN du criminel et de la victime et les résultats de leurs analyses.
Effectivement. Il faut d’abord savoir que j’ai pensé au départ, lorsque l’idée de l’EGN a commencé à germer dans ma tête, à la globalisation au niveau international de l’analyse de l’ADN pour chaque individu et par conséquent de traduire le résultat en EGN qui facilite son identification à n’importe quel moment sans trop perdre de temps.
Mais nul ne peut obliger quiconque à analyser son ADN. On pourrait prendre cela comme une atteinte aux Droits de l’Homme.
Certes le moment où j’ai commencé à penser à mon projet, le terrorisme n’avait pas l’ampleur qu’il a aujourd’hui. Mais voilà, nous vivons dans des circonstances qui obligent les individus à accepter que leur ADN soit analysé. Car, tout le monde, je suppose, est d’accord pour qu’on identifie les criminels et les auteurs des attentats dans le monde. En plus, nous pouvons commencer à globaliser cette méthode d’ENG en ciblant les criminels, notamment ceux qu’on catégorie comme dangereux.
Comment l’idée vous est-elle venue?
J’étais aux Etats-Unis en 1996. On parlait à ce moment de plus de 200.000 morts dans divers crimes dont les auteurs n’ont pas été identifiés. J’ai pensé aux morts, aux repris de justice, aux suspects et je me suis posé la question suivante : pourquoi ne pas analyser l’ADN de tous les individus qui ont purgé une peine d’emprisonnement ou qui étaient au moins des suspects. Cela nous facilite la tâche de savoir si l’auteur est l’un de ses repris de justice ou pas.
Comment s’effectue le décryptage de l’ADN pour donner l’EGN ?
Je ne peux pas dévoiler actuellement le secret de ce décryptage.
Vous ne l’avez pas encore enregistré ?
Je l’ai enregistré, fin mai dernier, au centre pour la protection des inventions scientifiques situé au City-Hall à Los Angeles, aux Etats-Unis.
Pourquoi ne pas l’avoir enregistré au Maroc ?
Nous ne disposons pas d’un centre qui se charge des inventions scientifiques, mais des inventions industrielles.
Combien vous a coûté cette innovation ?
Elle m’a coûté d’abord sept ans de travail et de recherche soit aux Etats-Unis, soit au Maroc, et en terme pécuniaire, elle m’a coûté plus de 2 millions de dirhams.
Qui a financé ce projet d’EGN ?
Personne. J’ai financé mon projet de mon propre argent que je reçois de mes petits investissements aux Etats-Unis. Je dispose par exemple avec mon frère d’une agence de voyages. J’ai vraiment souffert avant de le finir à cause du problème de financement.
Quel est votre cursus scientifique?
Bachelier en 1969 au lycée Mohammed V, à Casablanca. En 1970 Je me suis inscrit à l’Université des sciences humaines, en Mainz, à la république fédérale d’Allemagne (RFA avant l’unification). En 1973, je me suis rendu en Californie, aux Etats-Unis pour m’inscrire à l’université des sciences humaines de Los Angeles. En 1980, j’ai décroché mon doctorat en médecine, en Californie. Depuis, je me suis installé au Gabon pour occuper le poste du chef du service traumatologie à l’hôpital général de Libreville et de professeur d’anatomie dans un institut pour infirmiers.
En 1986, j’ai regagné les Etats-Unis pour m’inscrire à l’université of southern Californie, pour suivre des études sur la technologie scientifique. Fin 1990, j’ai obtenu le diplôme d’ingénieur en technologie scientifique, puis, en 1996, un doctorat de l’institut supérieur de technologie, en Finlande, et ce en 1996. De retour au Maroc, j’ai monté une société de télécommunication qui n’a pas marché.