Société

Le mea culpa d’El Houssaine Louardi: La santé publique est malade

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Le ministère de la santé a dévoilé, mardi 2 février à Rabat, les résultats de son rapport d’évaluation des fonctions essentielles de santé publique.

Ce document réalisé par des experts nationaux et internationaux de l’OMS permet de mieux identifier les forces et les faiblesses du système actuel de santé publique. Le rapport relève que l’une des caractéristiques les plus frappantes du secteur est la pénurie du personnel de santé.

Certes, il s’agit d’un problème de longue date, mais qui persiste malgré les efforts menés par le gouvernement. A ce sujet, le document rappelle que la densité des médecins dans le secteur privé comme dans le secteur public a augmenté entre 1999 et 2012 en passant de 0,43 à 0,62 médecins pour 1.000 habitants.

Toutefois, les auteurs du rapport déplorent l’absence de données exactes et actualisées sur la disponibilité des ressources humaines. En outre, «les statistiques sur le secteur privé ne proviennent pas de sources de données contrôlées ni d’un processus de recueil organisé et transparent», indique le rapport. L’autre problème majeur a trait au programme d’enseignement des facultés de médecine. La dernière mise à jour du programme des études médicales a eu lieu en 1983. Si la durée officielle des études est de 7 ans, seuls 3% des étudiants parviennent à obtenir leurs diplômes durant cette durée. A noter que 28% des étudiants abandonnent leurs études avant d’obtenir leurs diplômes. A ceci s’ajoute le fait que le programme actuel de formation médicale n’offre pas suffisamment d’opportunités d’apprentissage.

Par ailleurs, le rapport signale que la santé publique au Maroc est surchargée par les maladies non transmissibles qui sont actuellement à l’origine de près de 75% de l’ensemble des décès au Maroc. Les trois principales causes sont les maladies cardio-vasculaires (34%), le diabète (12%) et le cancer (11%). Ces pathologies représentent une charge importante pour les services de santé. Ces services qui sont dotés de faibles ressources et d’un personnel peu nombreux rencontrent des difficultés à mettre en œuvre les mesures nécessaires de lutte contre ces maladies.

Au niveau des programmes de dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, le rapport note que les ressources ne permettent pas un dépistage généralisé par mammographie. Une évaluation du programme de dépistage en lien avec les registres du cancer fait défaut. Quant à la vaccination anti-HPV pour la prévention du cancer du col de l’utérus, sa mise en œuvre est tributaire du coût du vaccin. Le document signale que la pénurie des ressources et du personnel de santé limite les possibilités offertes aux médecins de mener des activités de prévention.

S’agissant des programmes de la santé de la mère et de l’enfant, le rapport pointe du doigt les inégalités des services entre les zones urbaines et les zones rurales. Ce qui a pour conséquence de générer des difficultés d’accès aux soins de la mère et de l’enfant dans les zones enclavées.
Dans la lutte contre le tabac, les actions menées par le Maroc sont encore faibles au regard des normes internationales. Le Royaume n’a toujours pas ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac. Et pourtant, les cancers liés au tabac sont de loin les plus meurtriers et la consommation de tabac contribue à l’augmentation des cas de maladies cardio-vasculaires.

Côté argent, le rapport rappelle que le pourcentage des dépenses consacrées à la santé dans les dépenses totales du gouvernement a augmenté, en passant de 4,8% en 1998 à 6,3% en 2010. Malgré cette hausse, la part des dépenses de santé est encore inférieure à celle des pays ayant un niveau de développement comparable au Maroc.

Quant à la réalisation de la couverture sanitaire universelle, celle-ci rencontre toujours de nombreuses difficultés malgré les progrès importants accomplis qui se sont traduits par une couverture de 61% de la population totale par l’AMO et le Ramed. Le principal défi, note le rapport, sera de garantir la viabilité financière de l’AMO et du Ramed et parvenir à l’extension de la couverture aux travailleurs indépendants. La réalisation de cet objectif nécessitera un meilleur suivi des prestations sociales existantes, une révision des mécanismes de paiement et l’intégration des soins de santé primaires dans les prestations sociales.

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