Société

Le néo-Benkirane est arrivé

On s’attendait à une sortie brillante. On a eu droit à une prestation très modeste. Un islamiste qui s’exprime à la télévision, c’est un rendez-vous a priori intéressant. Mais Abdelilah Benkirane, membre influent du PJD (parti de la justice et du développement), n’a pas montré, à l’occasion de son passage sur 2M dans l’émission Fi Al Wajiha du jeudi 25 avril, un visage très convaincant. Peut-être qu’il n’a pas l’habitude des plateaux de télévision en direct, qu’il est plus à l’aise dans les déclarations à la presse écrite.
Une chose est sûre : les téléspectateurs ont découvert à travers le passage du député islamiste de Salé une structure très banale pour qui la référence à l’islam tient lieu de programme politique et justifie même l’existence d’un parti. Cette référence à la religion, M. Benkirane n’a eu de cesse de la marteler tout au long de l’émission sans tenter de lui donner un contenu en termes d’idées, de vision d’idéologie et de programme. Résultat : le public est resté sur sa faim. Il est sorti d’un débat d’une heure et demie sans connaître la position du PJD sur nombre de problèmes de société et les véritables enjeux du pays dans le domaine politique, social et économique.
Alors, c’est quoi le PJD ? Faute d’avoir réussi à promouvoir à cette occasion l’image d’un parti islamiste modéré- c’est le créneau que ce parti veut occuper – l’invité s’est enfermé dans un discours vague, dépourvu de toute épaisseur en encensant tout le monde ou presque. Au terme de cette émission, le PJD demeure toujours, chez les observateurs, une formation hébergée par le MPDC de Abdelkrim El Khatib sur demande de l’administration pour donner une adresse politique et partant conférer un caractère légal au mouvement de Abdelilah Benkirane (Al Islah Wa Tajdid), devenu par la suite Al Tawhid Wal Islah dirigé par Ahmed Raïssouni. L’un, légitime l’action politique alors que l’autre, s’adonne à l’activisme social à la manière de l’organisation de Abdesslam Yassine.
Par ailleurs, Abdelilah Benkirane n’a pas convaincu non plus au sujet de la non-participation de son parti aux dernières communales et sa participation aux législatives. “Nous avons dans ces deux échéances respecté l’avis de notre leader Abdelkrim El Khatib“, s’est-il contenté de dire. Pourquoi boycotter la première consultation et cautionner la deuxième ?
Cette situation interpelle d’autant plus que la démocratie locale plus que la députation offre pour les élus d’un vrai parti islamiste l’occasion de montrer qu’ils peuvent gérer mieux que les conseillers des partis classiques si tant est que le souci de gestion et celui de la gouvernance de proximité sont présents chez Abdelilah Benkirane et ses amis. Car tout se passe, d’après les déclarations de l’intéressé lui-même, comme si le PJD n’était pas attendu depuis son entrée au Parlement sur la participation aux affaires du pays. D’ailleurs, la formation d’El Khatib a apporté au début son soutien au gouvernement d’alternance avant de le lui retirer et de basculer dans l’opposition. En fait, le PJD se contente de se complaire aujourd’hui dans une position esthétique avec comme mission principale de contrer le radicalisme de l’association Al Adl Wal Ihssane et de promouvoir l’image d’un islam politique consensuel. Et si le PJD poursuivait, à travers sa politique des petits pas et de sa gentillesse excessive, les objectifs de tout mouvement politique islamiste ?

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