Société

Le secteur de l’édition et de la presse

© D.R

Thami Ghorfi : Pour commencer M. Dilami, quels peuvent être les enjeux du secteur de l’édition et de la presse ?
Abdelmounaïm Dilami : Je voudrais d’abord rappeler que la presse est un secteur d’activité économique qui emploie dans les 30.000 personnes, lorsqu’on prend en considération toute la chaîne, c’est-à-dire de l’importation du papier, la confection des journaux, leur distribution, et la mise en vente. C’est donc un secteur qui n’est pas négligeable et qui s’est énormément développé ces 10 dernières années et plus particulièrement ces 5 dernières années. C’est un secteur qui a encore des perspectives de développement importantes à mon sens mais qui est arrivé à un stade où il a besoin de commencer à penser à sa propre réorganisation, sa modernisation pour pouvoir effectivement continuer son développement.
Lorsque vous parlez du secteur de la presse, vous parlez bien des journaux arabophones et francophones ?
Abdelmounaïm Dilami : Oui, je parle aussi bien des journaux arabophones que francophones, les journaux généralistes, les journaux spécialisés, c’est-à-dire toute presse confondue.
C’est à dire que dans votre secteur, vous vous posez des questions de modernisation, de mise à niveau, de compétitivité comme dans tous les autres secteurs de l’économie ?
Abdelmounaïm Dilami : Absolument, on a les mêmes problèmes que les autres secteurs de l’activité économique, des problèmes de mise à niveau, de modernisation, de développement, d’accès aux financements, d’avoir des machines plus perfectionnées et plus modernes, etc.
Cela veut dire qu’aujourd’hui dans votre secteur, vous êtes obligés d’être plus intégrés en terme de fabrication, de devenir tous des imprimeurs ou plutôt vous vous organisez autrement ?
Abdelmounaïm Dilami : Pas forcément. En fait, la tendance générale, quand on voit l’évolution dans les pays développés, c’est de distinguer entre l’impression et la réalisation d’un journal. Par conséquent, il n’est pas indispensable d’être soi-même un imprimeur quand on est dans la presse. C’est une activité à part.
Pour la plupart des entreprises de presse marocaines qui ont leur imprimerie, elles ont veillé à distinguer entre les deux et avoir une structure à part pour l’imprimerie. C’est une autre structure, une autre logique mais elles participent à la réalisation d’une même activité.
Le développement de votre activité, c’est l’élargissement du marché et c’est quelque part avoir plus de lecteurs et partant plus de budgets publicitaires.
Abdelmounaïm Dilami : Bien sûr. Ce qu’il faut comprendre, c’est que maintenant nous sommes à un stade où nous n’avons pas épuisé toutes les possibilités du marché marocain. Quand on compare la vente de journaux toute presse confondue par rapport à des pays où la situation économique est similaire, on se rend compte qu’il y a encore de larges possibilités qui sont offertes au Maroc. Nous n’avons donc pas encore épuisé toutes les possibilités de développement.
Par conséquent, il y a un effort à faire sur ce plan en adaptant l’offre à la demande du lectorat, en élargissant les possibilités d’offres sur le plan technique. Par exemple, la presse magazine est encore peu développée, elle est encore à son démarrage au Maroc et elle a de grandes possibilités de développement.
Et tous les types de presse magazine qui se sont venus créés ces dernières années ont immédiatement rencontré une demande importante.
Lorsque vous parlez justement des besoins des consommateurs, est-ce que cela veut dire que ce sont des besoins très différenciés ?
Abdelmounaïm Dilami : Pendant des années au Maroc, on a considéré que la presse était politique, point à la ligne. En fait, c’est l’un des besoins du lectorat mais le lecteur a besoin de presse spécialisée. Il a besoin de presse sportive, de loisirs, de presse de bricolage, de presse médicale, etc. Il y a donc de grands secteurs de presse qui existent ailleurs dans le monde mais pas tous au Maroc.
M. Dilami, je voudrais revenir un peu sur un sujet qui a fait l’actualité de votre secteur ces dernières semaines, cette question de justification de la diffusion qui permet de régir autrement la relation entre les supports de presse et les annonceurs.
Abdelmounaïm Dilami : je pense que maintenant la situation a suffisamment mûri. Il y a actuellement des discussions pour la création d’un organisme de justification de la diffusion. Les discussions sont très avancées et elles devraient aboutir fin janvier au plus tard. Le Maroc aura son propre organisme de justification de la diffusion ce qui va permettre : 1. d’assurer une transparence pour les annonceurs, donc ils verront très clairement l’impact de leur investissement sur le lectorat;
2. de ré-équilibrer les tarifs au niveau de la publicité puisque chacun aura à fixer un tarif en fonction de sa propre diffusion.
M. Sébastien Henin, vous êtes analyste chez CFG Marchés, quelle est l’actualité des marchés financiers pendant la dernière semaine ?
Sébastien Henin : Le marché boursier a été relativement calme. L’indice CFG 25 a fait du surplace au cours de la semaine dernière. Cette semaine a connu quelques mouvements qui méritent d’être relevés :
– à la hausse, on peut signaler IB Maroc dont le cours a encore progressé de 7%. Il s’agit d’un mouvement purement spéculatif, le titre ayant même triplé depuis l’été dernier.
– à la baisse, la Samir a enregistré la plus forte baisse hebdomadaire, près de 3%. Ce mouvement peut s’expliquer par une absence de résultats par rapport aux négociations qui ont été entamées, il y a maintenant plusieurs mois, avec le gouvernement concernant les volets tarifaires, douaniers et surtout environnementaux.
D’autres informations concernant le marché financier ?
Sébastien Henin : Oui, la mise en place par Bank Al-Maghrib d’un nouveau système de reprise de liquidité pour absorber la sur-liquidité du marché monétaire. Les banques commerciales peuvent ainsi placer leur argent directement au niveau de Bank Al Maghrib au taux de 2,25%, ce qui aura comme conséquence une baisse des taux, notamment le taux immobilier, au cours des prochains mois.
Abdelmounaïm Dilami, dans votre groupe l’Economiste, est-ce que vous avez des défis de mise à niveau, de mise en compétitivité ?
Abdelmounaïm Dilami : Absolument, c’est un élément permanent. Dès lors que vous voulez suivre le mouvement et répondre à la demande du marché, vous êtes obligés de vous moderniser et de vous renouveler en permanence.
Quels sont les enjeux de la modernisation justement chez vous ?
Abdelmounaïm Dilami : D’abord au niveau de la formation aussi bien au niveau de l’imprimerie, de la gestion que de la rédaction. Nous avons donc un plan de formation qui a été mis en place et qui a fonctionné en 2003 et qui a été prolongé sur 2004 avec un nouveau plan mis en place. Nous avons également un projet d’investissement de l’ordre de 20 millions de dirhams pour permettre à l’imprimerie de se développer et de suivre l’évolution du groupe et les besoins de notre marché et de répondre ainsi aux besoins de nos clients par la création d’autres titres.

• Cette émission sera rediffusée ce soir à 22h00
sur les ondes de Médi 1

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