Les Marocains méritent tout autant que les étrangers de profiter des vacances à l’intérieur du Royaume. L’Office national marocain du tourisme (ONMT) lance, à partir de septembre prochain, une campagne de promotion, qui doit s’étaler sur une année, en direction d’une clientèle jusqu’ici inexplorée, voire snobée. Le Maroc d’une beauté inégalée que seul le touriste étranger connaît va enfin s’ouvrir sur le touriste local. Et c’est la famille marocaine de classe moyenne qui a l’habitude de voyager qui constitue la cible principale de ce réveil somme toute un peu tardif.
De la bouche même de Fathia Bennis, DG de l’ONMT, on a entendu vendredi dernier lors d’une conférence de presse que le tourisme intérieur est bel et bien une stratégie adoptée par l’ONMT en tant que moteur essentiel de développement du tourisme national. Et pour cause, «la crise actuelle du tourisme national nous a réveillés», a-t-elle argumenté. En fait, ces derniers temps, on parle de plus en plus de projets de création de sites touristiques locaux et de l’encouragement des investissements dans ce sens.
On parle également d’une stratégie capable de favoriser l’émergence d’une politique de développement du tourisme national grâce à la promotion du tourisme intérieur. Histoire de faire redécouvrir le pays aux Marocains avec des packages pour des destinations au Maroc à des prix bas, prenant en compte le pouvoir d’achat des ménages. La stratégie veut également doter les Marocains d’une nouvelle approche touristique, à savoir passer par les agences de voyage qu’ils considèrent toujours au-dessus de leurs moyens. Malheureusement, sur le terrain, la réalité est loin des aspirations annoncées et renforcées par des campagnes publicitaires. Certes, une campagne rigoureuse sera menée pour que les hôtels non classés (du moins à Casablanca) soient réaménagés et soumis aux normes universelles en matière d’hôtellerie, mais ce n’est qu’un petit indice des bonnes intentions. Nos citoyens continuent de souffrir pendant les vacances. Le manque d’infrastructures qui fait que le touriste doit se débrouiller la plupart du temps pour subvenir à des besoins banals, les moyens de transport qui ne respectent aucune logique professionnelle, que ce soit du côté confort ou du respect du code de la route et des numéros de places. Autant d’ingrédients pour le calvaire de plusieurs familles qui ne disposent pas de véhicule.
Certaines compagnies de transport, parfois de renommée, arnaquent purement et simplement les usagers! A cela s’ajoutent le non respect des horaires et l’état détérioré des gares routières. Il arrive parfois que plusieurs passagers disposent du même numéro de place que chacun croit être le sien sans pour autant que les responsables se soucient des querelles et des accrochages qui en résultent. Au début du mois d’août, un bus en provenance de Tétouan s’est renversé faisant onze victimes et un bon nombre de blessés, parce que le chauffeur était en état d’ivresse! Dire que le tourisme intérieur serait à la hauteur dans des délais approximatifs est un doux euphémisme.
Les investissements les plus réussis dans le domaine du tourisme sont ceux conçus pour les étrangers et pour une certaine élite locale. Pour la majorité des Marocains, il faudra encore attendre, se contenter des moussems, des eaux bénites de Moulay Yaâcoub et des plages qui connaissent une campagne de propreté.