L’élection d’une « miss Maroc » constitue une « insulte à la femme », a estimé mardi à Rabat le vice-secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Saâd Eddine Othmani dans une déclaration à l’Agence France Presse.
Cette compétition avait été remportée par une jeune femme de Fès, Douja Lahlou, qui a été élue miss Maroc le 26 octobre à Rabat, à l’issue d’une cérémonie organisée dans une grande discrétion, justement pour échapper aux critiques des islamistes. « Nous avons toujours contesté ce type de pratique qui est en réalité une insulte à la femme », a déclaré à l’AFP Saâd Eddine Othmani. « La femme est loin d’être un simple objet que l’on peut ainsi exposer aux regards de tous », a ajouté le responsable du parti islamiste. « Nous sommes décidés à protester chaque fois qu’une manifestation de cette nature sera organisée au Maroc, car elles défigurent complètement nos traditions », a prévenu M. Othmani.
Les mouvements islamistes marocains se sont toujours opposés à la tenue de ce genre de concours. Selon Anas Jazouli, organisateur du concours de miss Maroc 2002, les jeunes Marocaines ont manifesté beaucoup d’intérêt pour le concours, et les candidatures ayant été enregistrées dans le Royaume ont atteint les 14.000. Mais il lui a fallu surmonter de fortes réticences parentales, notamment dans les régions rurales, pour présélectionner les candidates.
Pour éviter les polémiques, les organisateurs n’avaient prévu que des défilés particulièrement sages, en kaftan, en tenue de soirée et en costume traditionnel. Par ailleurs, selon des déclarations faites par l’organisateur au quotidien espagnol El Pais, la cérémonie a eu lieu dans une ambiance de clandestinité. « Nous avions dit aux concurrentes que la cérémonie allait avoir lieu à Marrakech, mais ce n’est qu’à la dernière minute que la vérité leur a été révélée…même mes collaborateurs ne savaient pas le lieu où l’événement allait être organisé », a-t-il avoué. Jazouli a aussi affirmé que malgré cette condamnation islamiste, il y a eu un très grand intérêt de la part de jeunes filles issues de familles pauvres. « Plusieurs candidates sont issues de quartiers populaires, ce qui démontre que même parmi des gens modestes, les islamistes n’ont pas une grande audience », affirma-t-il.