La deuxième chaîne persiste est signe. La direction générale de 2M n’a pas tardé à réagir à la lecture faite par ALM de ses résultats 2004, rendus publics le 19 janvier dernier (n° 827 du 2-2-2005). Une réaction qui mérite que l’on s’y attarde. Point par point, la direction générale défend son bilan. A commencer par le résultat net annoncé à l’issue du Conseil d’administration de la chaîne, faisant état d’un résultat net de 64 millions de DH durant l’exercice de l’année écoulée, avec une augmentation de 146% par rapport à 2003. Le chiffre d’affaires a, quant à lui, enregistré une hausse de 40%, passant de 290 millions de DH fin 2003 à 404 millions à fin 2004. Allant dans le sens contraire de ce qui a été publié dans nos colonnes, la direction générale de 2M se défend d’avoir intégré la subvention de l’Etat, de l’ordre de 133 millions de DH dans son chiffre d’affaires. Ladite subvention elle est prise en compte dans le total des produits d’exploitation, de près de 600 millions de DH. Un état de fait que confirme un analyste de la place, ajoutant cependant que les produits d’exploitation sont «naturellement», intégrés dans le résultat net. Que la subvention de l’Etat ne soit pas comprise dans le chiffre d’affaires cela n’empêche donc pas que celle-ci soit intégrée au résultat net. Sans subvention, ce résultat aurait été déficitaire de 69 millions de DH, par la simple soustraction résultat net-subvention.
Admettant qu’il y a bien eu augmentation des charges, contrairement à la thèse défendue dans le communiqué-bilan faisant état d’une réduction des coûts, la deuxième chaîne précise, cependant, qu’il s’agit de la conséquence des dépenses liées principalement aux coûts externes de productions et événements « qui ont généré un fort revenu », comme le satellite, les bureaux régionaux créés par la chaîne et « aux reportages et couvertures à l’étranger qui ont connu une forte augmentation». Mais de tels efforts, sachant pertinemment la qualité des reportages et couvertures 2M, justifient-ils la hausse particulière des dépenses (29%) établies à 76 millions de DH? Rien n’est moins sûr. A moins qu’une telle hausse ne soit justifiée par les coûts externes dans des productions comme « Studio 2M ». Ce qui serait aussi exorbitant qu’entraînant un revenu pas si « fort » que cela. D’autant plus exorbitant que 2M a bel et bien réduit certaines de ses charges. Ne précisant pas dans son premier communiqué si la réduction annoncée des coûts sous-entendait une réduction globale ou sur certaines dépenses, la chaîne annonce elle-même, et à titre d’exemple, avoir produit la sitcom du mois de Ramadan pour 3 millions de DH au lieu de 9. Et d’ajouter que son volume moyen de production n’a pas baissé en 2004, avec le maintien de la plupart des productions entamées en 2003. Ce qui reste à vérifier.
En tout cas, si ce volume n’a pas baissé, il n’a pas augmenté non plus. Au contraire, le remplacement de grandes émissions de plus d’une heure par des capsules tournant autour de 5 minutes confirme qu’il y a bien réduction de la production. La chaîne maintient le fait qu’elle a lancé 18 téléfilms marocains entre mars et décembre 2004, mais ne précise pas combien parmi ces derniers ont été diffusés. Pour les téléspectateurs, et c’est ce qui compte, la cadence de diffusion des téléfilms marocains aura été sensiblement plus faible l’année écoulée.
Sans parler de la brillante absence de la chaîne dans les événements sportifs-phares de l’année, l’Euro2004 et les Jeux olympiques, avec une présence limitée lors de la CAN-2004. Une absence qui se passe de tout commentaire.
Précisant que la croissance du chiffre d’affaires publicitaire à été de 40%, avec une valeur de 114 millions de DH, la direction générale de 2M présente cet exploit comme étant propre à la chaîne. Elle semble en cela omettre le fait que la SAP, régie publicitaire de la première chaîne, a également enregistré une hausse de 50% de son chiffre d’affaires. Quant au niveau international, la hausse de 4% à laquelle 2M limite ses performances est en soit, dans le cas où elle serait vraie, une performance. Le marché de la publicité a essuyé des résultats déficitaires tout au long de ces dernières années.
Déficitaires, les structures de la chaîne le sont bel et bien. La direction générale parle d’un plan de restructuration entamé dès 2003 et qui serait actuellement en phase de finalisation, avec l’introduction «d’un système de management de la qualité et d’une organisation au service de la stratégie de l’entreprise ». La question à se poser a trait à l’incidence que de telles procédures, censées, par définition, réduire le risque d’erreur en matière de prise de décisions, peuvent avoir sur le téléspectateur de 2M. La réponse est non. Idem pour le rôle qu’elles peuvent jouer dans le développement de la chaîne. Entreprise publique, 2M est censée être moins une entité capitalistique absorbant des chaînes et entrant dans le capital d’autres entreprises, qu’une télé marocaine, simple et avec pour principale mission de promouvoir la production nationale et des programmes de qualité.
Les 16 mois de travail sur les outils précités n’y participeront certainement pas. Mieux encore, et même avec ces outils, 2M ne semble avoir pour plan d’action 2005 que l’élaboration de certains documents, demandés par le ministère de tutelle, d’ici fin avril. Histoire de meubler un peu plus l’antenne.














