Société

Les bons conseils et le parricide

«C’est évident que le criminel parcourt les environs du lieu de son crime…», affirme le chef de la première brigade criminelle de la PJ de Derb Soltan-El Fida, Casablanca, à ses éléments. Ils entament, cette nuit du jeudi 21 novembre, une surveillance autour d’une demeure située à la rue n° 43, Derb El Kébir, à Casablanca. C’est sur sa terrasse qu’un crime de parricide vient d’être commis. Et l’auteur vient de prendre la poudre d’escampette.
Il s’appelle Abbass. N, né un jour de 1979. Sa famille est très modeste, indigente au point qu’elle trouve une grande difficulté pour satisfaire le minimum vital de ses besoins. Seul le père, Saïd. N, qui veille sur elle, qui besogne, se débrouille et cherche à droite et à gauche pour gagner quelques sous. D’un marchand ambulant et porteur aux différents marchés casablancais à un mendiant, la santé de ce sexagénaire s’est dégradée au fil des ans au point qu’il devient cardiaque. Il n’a pu voir un médecin. Il s’est contenté quelques fois de se rendre au dispensaire du quartier. Mais sa santé ne se rétablit plus. C’était trop tard. Son corps devient squelettique au point qu’il ne mange presque plus.
Ses cinq enfants, y compris Abbass, se débrouillent également pour l’aider. Seulement les quelques sous qu’ils gagnent n’améliorent pas les conditions de vie de cette pauvre famille.
«Pourquoi je me débrouille si je ne rapporte rien à ma famille, c’est mieux de s’asseoir sans rien faire…», pense et décide Abbass. D’abord, Abbass a quitté les bancs de l’école à un niveau de deuxième année d’enseignement fondamental. Il a rejoint les réparateurs de vélomoteurs, les fours, les marchés casablancais pour gagner sa vie. Seulement, il a fini, en 1999, par abandonner tout et rester à côté de ses parents et ses frères à manger et dormir sans participer d’un seul dirham.
Bien qu’il passe son temps à la rue, il n’a jamais touché aux drogues ni aux boissons alcooliques. «Il est pieux au point qu’il ne rate aucune de ses cinq prières quotidiennes», attestent ses voisins. Il n’était jamais méchant ou cruel, il respecte ses voisins et il n’a jamais porté atteinte à l’un d’eux…», ajoutent-ils. La seule personne qui le gênait presque quotidiennement est son père. Il protestait contre sa passivité. «Il faut chercher un boulot et ne pas rester devant moi sans rien faire…Nous avons besoin d’argent…», lui reproche son père à chaque fois qu’il le croise à la rue ou s’il le rencontre à l’intérieur de leur unique chambre .
Abbass fait semblant qu’il ne l’entend pas. Il se contentait de sortir sans lui lancer le moindre mot. Il fuit la langue de son père qui coule de poison, qui devient comme un fouet. Trois ans plus tard, Abbass chôme toujours et son père ne retient plus sa langue. Une relation discordante qui a nourri la rancune du fils au point qu’il ne supporte plus voir son père. Ce sentiment arrive à son summum, jeudi 21 novembre. Après la rupture du jeûne, Abbass s’est rendu vers la mosquée pour accomplir la prière d’Al-ÃŽcha et de Taraweh. Il est retourné chez lui, a trouvé son père, deux de ses quatre frères et sa mère qui préparait le dîner.
«Tu es revenu pour manger, rien que pour manger…», lui lance son père. Abbass ne lui a pas répondu. Mais son coeur brûle de rancune, il lui a lancé des regards furieux comme s’il voulait l’avaler en un seul coup. Le père n’a pas retenu sa langue, il continua à l’insulter. «Je vais te tuer un jour», le menace-t-il et d’ajouter : «Et je vais le faire maintenant ». Ses deux frères assistaient à la scène, sans réagir et sans intervenir.
Abbass a saisi son couteau à cran d’arrêt, avance vers son père. Enragé, il lui a asséné un seul coup au niveau du coeur. Le père a crié puis il s’est effondré. La mère a perdu conscience et les deux frères sont restés bouche-bée. Abbass a empoché son couteau et est sorti sans savoir où aller. Mais ses pieds les ont emmenés vers le cimetière Chouhada. Là, il a passé trois jours avant de retourner vers le lieu de son crime,

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