Avant le travail, les remerciements. A son arrivée lundi soir à Fès, Dominique de Villepin a salué «l’appui très important» du monde arabe dans l’affaire des otages français retenus en Irak. «Cette fidélité, cette amitié de toutes les instances religieuses, des responsables politiques nous a beaucoup touchés», a ajouté l’ancien chef de la diplomatie française. «C’est un plaisir toujours renouvelé de pouvoir venir» en visite au Maroc, «terre où je suis né», a indiqué le ministre.
Il a eu ensuite des entretiens avec le ministre de l’intérieur, Al Mostafa Sahel et le ministre délégué à l’intérieur, Fouad Ali El Himma. Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, ces entretiens ont porté sur la lutte contre le terrorisme, la migration illégale, la criminalité transnationale et le trafic de drogue.
Plaidant pour «un partenariat rénové» entre la France et le Maroc, le ministre français a affirmé que le terrorisme, «menace qui n’épargne personne», doit être combattu. «Nous ne cédons pas à la peur ou à la tentation de l’usage de la force en dehors du cadre international», a-t-il ajouté.
Qualifiant d’exemplaires les relations entre Rabat et Paris, Dominique de Villepin a déclaré que «les attentats de Casablanca et de Madrid ont conduit au renforcement des liens opérationnels entre les deux pays, et les échanges qui se sont déroulés entre le Maroc et la France tant au niveau politique qu’au niveau des services, ont montré à quel point cette volonté de travailler en commun, de partager l’information était forte car nous avons décidé de dynamiser les échanges de renseignements que nous avons, pouvant aller jusqu’à l’organisation d’opérations conjointes».
Concernant l’immigration clandestine, M. de Villepin a plaidé pour «une plate-forme de renseignement» entre les services de sécurité des deux pays et a annoncé l’échange d’officiers de police français et marocains. Il a souligné la volonté de la France d’allier «le souci de l’efficacité à celui de l’humanité», rejetant notamment l’idée de «parquer des êtres humains» dans des centres de regroupement. Cette position rompt avec celle de certains responsables de gouvernements européens qui se sont prononcés en faveur de la création de centres d’accueil dans le Maghreb pour le triage de demandeurs d’asile, avant de les autoriser à fouler l’espace de l’UE.
Les officiers de liaison des deux pays interviendront aussi dans la lutte contre de trafic de stupéfiants. A ce sujet, M. de Villepin a fait état de la volonté des deux parties de s’attaquer résolument au trafic de drogue. Il a précisé qu’un officier de liaison français sera dorénavant associé étroitement au travail des services marocains et sera dans les prochains jours affecté à Tanger. Et réciproquement : un officier de liaison marocain sera accueilli en France dans les mêmes conditions. Le ministre français a indiqué, à ce sujet, que d’utiles renseignements seraient recherchés auprès des 165 Français actuellement détenus au Maroc dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue.
Le ministre français, qui a été reçu en audience par SM le Roi Mohammed VI, a regagné la France mardi en début d’après-midi. Au-delà des dossiers de travail, on aura retenu de sa visite l’exemplarité des relations franco-marocaines.