Il était presque 17 heures ce 23 décembre 2001, les agriculteurs de la province de Settat se réjouissaient des importantes précipitations qui s’abattaient sur la région rompant le cycle d’une sécheresse endémique et promettant une bonne année agricole. Près de la gare routière de Settat, les badauds et quelques voyageurs se sont agglutinés autour du pont de Oued Boumoussa qui s’écoule au centre de la ville dans un canal en béton enterré drainant les eaux d’un bassin versant s’étendant sur 135 kilomètres et se trouvant à une vingtaine de kilomètres au sud de la ville. Les Settatis regardaient le débit du fleuve, de plus en plus fort, avec enchantement teinté de la crainte de le voir déborder de son lit ou casser le canal et déverser de nouveau sa colère sur la population -comme ce fut le cas l’année 2000 à la même date- en emportant tout sur son passage semant mort et désolation. Ces appréhensions ne tardèrent pas à se concrétiser et certains quartiers de la ville de Settat étaient à nouveau inondés. La population criait sa colère. Dans la soirée, la nouvelle des premières victimes est véhiculée dans les quatre coins de la ville par le bouche-à-oreille. Six personnes sont en effet portées disparues lorsqu’un taxi dont le chauffard, poussé par sa cupidité, s’aventura dans les eaux à l’entrée sud de la ville. Les corps de quatre de ses occupants s’étaient retrouvés par la suite engloutis dans la boue.
Au total, huit personnes ont été tuées par les crues dans la province. La force et la régularité des précipitations ont fini par isoler la ville dont les principales voies d’accès, y compris l’autoroute Casablanca-Settat pourtant opérationnelle il y a à peine quelques mois, étaient fermées. Settat est alors assiégée par les véhicules toutes catégories confondues pris au piège, faute d’être informés à temps. Une pénurie de produits alimentaires s’installa dans la ville. Plusieurs dizaines de familles ont été acculées à passer la nuit, enfermées dans leurs véhicules dans le froid, la ville ne disposant pas d’infrastructure hôtelière suffisante pour les accueillir.
La force des crues qui ont atteint un débit de 150 mm cubes/seconde a fini par casser le canal, conçu pour recevoir 100 mm cubes/seconde, au même point que l’année dernière. Des travaux avaient pourtant été engagés à cet endroit l’année dernière.