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Les dernières pluies ont stabilisé le taux de remplissage des barrages à 32,8%

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La Cour des comptes pointe du doigt les dysfonctionnements dans le secteur de l’eau

Les dernières précipitations ont permis de stabiliser les réserves des barrages et d’éviter ainsi une accentuation de la sécheresse des réservoirs d’eau. Cela dit, la situation des barrages au Maroc reste toujours préoccupante comme le révèlent les chiffres de la Direction générale de l’hydraulique relevant du ministère de l’équipement et de l’eau. A la date du 16 mars 2022, le taux de remplissage des barrages au niveau national n’est que de 32,8 % alors qu’a la même date en 2021, ce taux avait atteint 51%. Actuellement, les réserves se situent à 5,29 milliards de mètres (5.294,3 Mm3) pour une capacité globale de 16,12 milliards de cubes (16.122,6 Mm3). Certains barrages affichent une situation critique avec un taux de remplissage en dessous des 10%. C’est notamment le cas du barrage Hassan II qui affiche un taux de remplissage de seulement 8,9%. Sa capacité est actuellement de 392,3 Mm3 et ses réserves de 35,1 Mm3. Le barrage Mohammed V a un taux de remplissage de 7,6% avec une capacité de 239,5 Mm3 et des réserves de 18,1 Mm3.

Le barrage Al Massira qui, rappelons-le, est le deuxième plus grand barrage du Royaume affiche également un niveau alarmant avec un taux de remplissage de seulement 6,4%. Il en est de même pour les barrages Abdelmoumen et Injil qui affichent respectivement des taux de 3,5% et de 3,1%. Pour ce qui est de la situation des autres barrages, notons que le barrage d’Al Wahda, plus grand barrage du Maroc, affiche un taux de remplissage de 55,6% avec une capacité de 3.522,3 m3 et des réserves estimées à 1.959 Mm3. Quant au 3ème plus grand barrage, à savoir Bin El Ouidane, ayant une capacité de 1,2 milliard de mètres cubes (1.215,5 Mm3,) il affiche un taux de remplissage de 14,3%. Signalons que le taux de remplissage de plusieurs barrages est satisfaisant. C’est le cas du barrage Sidi Said Maachou avec un taux de remplissage de 100%. Signalons également les barrages Bouhouda (un taux de 92,4%), Garde Sebou (95,8%) ; Timinoutine (93%); Dkhila (95,4%).

Ressources hydriques: Le Maroc parmi les 20 pays les plus «stressés» au monde
Dans son rapport annuel au titre des années 2019 et 2020, la Cour des comptes a accordé une attention particulière au secteur de l’eau en relevant de nombreux dysfonctionnements. L’institution signale que le Maroc dispose d’un potentiel en ressources hydriques estimé à 22 milliards de m3 par an. Le Royaume figure ainsi parmi les 20 pays les plus «stressés» au monde en termes de disponibilité de ces ressources. Les eaux superficielles et souterraines mobilisées sont utilisées principalement dans l’irrigation (jusqu’à 88%), la fourniture d’eau potable et la satisfaction des besoins des autres secteurs économiques (jusqu’à 12%. Il ressort des missions réalisées par la Cour que la mobilisation des ressources en eau fait face à un déséquilibre structurel interbassins au niveau des apports hydriques annuels, avec de grandes disparités temporelles et spatiales.

Et par conséquent, «certains bassins sont excédentaires et les eaux stockées dans les barrages sont parfois déversées en mer faute d’exploitation, alors que d’autres peinent à disposer des ressources hydriques pour assurer l’alimentation en eau d’irrigation voire en eau potable», indique la Cour dans son rapport. A ce titre, la Cour des comptes a recommandé de réaliser les projets matures de connexions interbassins. Les barrages font aussi face au phénomène d’envasement qui réduit leur capacité globale de stockage de 75 millions de m3 par an. Dans ce cadre, la Cour a recommandé de développer la gestion écosystémique pour mieux protéger les barrages contre l’envasement. La Cour des comptes estime que la mobilisation des ressources est marquée par la surexploitation des eaux souterraines, estimée à 1,1 milliard de m3/an, conjuguée à la non-utilisation d’un volume de 1,7 milliard de m3/an initialement stocké dans les barrages. «Pourtant, malgré l’amenuisement de la marge de manœuvre dans la mobilisation des ressources en eau conventionnelle, les eaux non conventionnelles se limitent à 0,9% de la totalité des ressources en eau mobilisées», souligne l’institution .

Pour faire face à cette situation, celle-ci suggère d’encourager le recours aux sources non conventionnelles, notamment le dessalement, la réutilisation des eaux usées et la collecte des eaux pluviales. Par ailleurs, la Cour préconise de prendre les mesures nécessaires pour améliorer la délimitation et la protection du domaine public hydraulique, et de mettre en place les conditions nécessaires à l’application du principe «pollueur-payeur», ainsi que le renforcement de la police de l’eau. Au niveau du financement du secteur, la Cour estime qu’il faut davantage développer le partenariat public-privé (PPP) «eu égard au nombre limité de contrats relevés à ce jour». Il s’agit ainsi d’optimiser l’allocation des ressources financières destinées au secteur de l’eau et de veiller à l’amélioration de l’efficacité des investissements notamment à travers l’adoption de modes de financement novateurs (PPP et autres). Enfin, la Cour estime que le système tarifaire actuel n’est plus adapté à une gestion rationnelle de la ressource, sachant que le financement du secteur est intimement lié au système de tarification. D’où l’intérêt de réaliser une étude sur le ciblage optimal, et de procéder, le cas échéant, à une révision du système de tarification de l’eau et de l’assainissement.

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