La nouvelle stratégie nationale multisectorielle de nutrition pour la période 2024-2030 s’articule autour de 5 objectifs et 5 axes stratégiques. Les disparités régionales, les carences en certains micronutriments et la prévalence croissante du surpoids et de l’obésité constituent des défis majeurs.
Le ministère de la santé et de la protection social vient de dévoiler la nouvelle stratégie nationale multisectorielle de nutrition pour la période 2024-2030. Cette nouvelle stratégie qui a été menée par le ministère en partenariat avec l’INDH et le soutien technique de l’OMS et l’Unicef vise à améliorer la nutrition de l’ensemble de la population en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables, à savoir les enfants de moins de 5 ans , les femmes enceintes et les personnes ayant des besoins spécifiques. Pour cela, cinq axes stratégiques et cinq objectifs ont été définis ainsi que des cibles spécifiques mesurables à atteindre d’ici 2030.
Les axes stratégiques sont les suivants : assurer un système alimentaire sain et durable ; renforcer la composante nutrition dans le système de santé ; Intégrer la nutrition dans les programmes de protection sociale et de l’éducation ; Créer des environnements sûrs et favorables ; Renforcer la surveillance nutritionnelle et la gouvernance en faveur de la nutrition. S’agissant des objectifs, le premier est de réduire toutes les formes de sous-nutrition, à savoir réduire à 10% la prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans ; réduire et maintenir la prévalence de l’émaciation chez les enfants de moins de 5 ans à moins de 5%. Il s’agit aussi d’améliorer l’allaitement maternel exclusif au cours des six premiers mois à au moins 60%, d’améliorer l’alimentation complémentaire chez les enfants âgés de 6 à 23 mois à au moins 60%. Le ministre compte aussi rehausser la qualité et la couverture des services de nutrition maternelle et infantile à au moins 90%. Le deuxième objectif de cette stratégie porte sur la réduction des carences en micronutriments par l’introduction, l’amélioration du suivi et de la mise en œuvre de politiques et de programmes fondés sur des données probantes. Dans ce cadre, il s’agit de réduire de 50% la prévalence de l’anémie modérée et sévère chez les femmes en âge de procréer ainsi que de 50% la prévalence de l’anémie sévère et modérée chez les enfants âgés de moins de 5 ans. Il est aussi question d’augmenter la couverture des ménages en sel adéquatement iodé à au moins 90%. Le troisième objectif vise à promouvoir une alimentation et des modes de vie sains afin de réduire la morbidité et la mortalité dues au surpoids, à l’obésité et aux maladies non transmissibles liées à l’alimentation. Pour atteindre cet objectif, il faudra réduire la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants de moins de 5 ans à moins de 10% ; stopper l’augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les adultes et chez les enfants et les adolescents ainsi qu’éliminer les AGT industrielles dans les produits alimentaires selon les recommandations de l’OMS. Quant au quatrième objectif, il porte sur le renforcement des politiques et des interventions sensibles à la nutrition. Dans le cadre de cet objectif, il sera question de contribuer à la réduction de l’insécurité alimentaire à moins de 15%, Mettre en œuvre les normes diététiques et nutritionnelles dans le domaine de la restauration collective, réduire de 10% l’inactivité physique. Le cinquième objectif de cette stratégie est de contribuer à l’amélioration de la gouvernance et la recevabilité en matière de nutrition grâce à un engagement politique, un suivi et une évaluation accrus.
Plus d’un tiers des femmes en âge de procréer souffrent d’anémie
Le Maroc est confronté au triple fardeau de la malnutrition qui comprend la coexistence à la fois de la dénutrition, les carences en micronutriments et la surcharge pondérale/obésité. Ces dernières années, des progrès significatifs ont été accomplis dans l’amélioration de la santé et de la nutrition au Maroc. Cependant, certains défis persistent, notamment des poches de sous-nutrition, des disparités régionales et des carences en certains micronutriments tels que le fer, l’iode et la vitamine D. Bien que le retard de croissance ait globalement diminué, près d’un tiers des enfants souffrent encore de cette forme de malnutrition dans certaines régions. Bien que la carence en vitamine A ne soit plus préoccupante, près de la moitié des enfants de moins de 5 ans et plus d’un tiers des femmes en âge de procréer souffrent d’anémie, et la carence en iode persiste comme un problème de santé publique. De plus, les tendances démographiques, sociales et économiques survenues au cours des dernières décennies ont engendré des changements rapides dans les systèmes alimentaires nationaux, créant ainsi de nouveaux défis. L’un de ces défis résultant de cette transition nutritionnelle est la prévalence croissante du surpoids et de l’obésité chez les enfants, les adolescents et les adultes. Les données les plus récentes révèlent qu’actuellement plus d’un enfant de moins de 5 ans sur 10, près d’un cinquième des enfants d’âge scolaire et plus de la moitié des adultes présentent un excès de poids ou sont obèses.