Société

Les enfants écumeurs de poubelles

Privés de l’insouciance de l’enfance, victimes de la pauvreté et de la dislocation familiale, les enfants écumeurs de décharges représentent un phénomène qui interpelle avec insistance la société marocaine, tant leur intégration d’urgence dans le tissu économique et social ne peut que réconcilier les hommes de demain avec la communauté à l’aube de ce 3ème millénaire où les problèmes sociaux se posent avec acuité.
Tous les jours au moment où leurs camarades partent à l’école et pour subvenir au minimum vital, des petits enfants de tous les âges arpentent les rues et les ruelles des villes avec leurs petites charrettes qu’ils tirent eux mêmes, fouillant les moindres poubelles et décharges avec l’espoir d’y dénicher un hypothétique « trésor » pouvant être monnayé dans les marchés aux puces. Victimes de l’adversité et de l’injustice sociale, ils sont des milliers à faire cette besogne ingrate et à courir les rues le plus clair de leur temps. On les voit tous les jours, sous alimentés, mal habillés, exposés aux vicissitudes, leur visage témoignant de la détresse d’une vie pénible qui symbolise en quelque sorte le fossé des classes.
Certains d’entre eux assument en outre la charge de nourrir leurs familles dont le père est soit décédé, soit au chômage. Ali, un garçon de 14 ans confie : « Je fouille jour et nuit, je ramasse tout ce qui peut être utile et vendable ? des bouteilles, du plastique, du bois, de l’aluminium du fer, etc ». Qui parmi nous n’a pas à faire à ce spectacle pitoyable dont nos rues sont familières?
Des garçons comme Ali sont légion, particulièrement dans les grandes villes où certains d’entre eux peuvent se convertir parfois en cireurs de chaussures ou revendeurs de cigarettes. D’autres encore empruntent la voie de la délinquance et deviennent malgré eux des hors la loi. Face à cette situation, nombreux sont ceux qui se sont vus contraints de quitter la campagne pour aller se réfugier en ville. Mohamed, 16 ans, cireur de chaussures, avoue qu’il a beau guetter la clémence du ciel, avant de décider de rejoindre la ville même si, a-t-il dit, l’odeur de la terre lui manque cruellement. Il est évident que les autorités publiques, les partis politiques, les syndicats, les médias et la société civile ont une responsabilité dans la sensibilisation et la prise en compte des préoccupations de cette partie « oubliée » de la société marocaine. Le Maroc a ratifié en 1993 la convention des Nations Unies pour les droits de l’enfant, adoptée en 1989. La célébration, le 25 mai de chaque année, de la Journée nationale de l’enfant constitue une opportunité pour souligner les efforts devant être déployés au profit de l’enfance particulièrement celle vivant dans des conditions précaires. Il est impératif, dans ce sens, d’inscrire la lutte contre la détérioration des conditions sociales de l’enfance dans le cadre d’une stratégie globale et cohérente, ciblant particulièrement les familles nécessiteuses et fragiles en vue de leur garantir une vie digne en harmonie avec les repères de notre société musulmane.

• Hamid Aqerrout (MAP)

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