«Avis des citoyens sur l’état et les perspectives du système éducatif». C’est l’intitulé d’une étude analytique menée par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS). Pour les responsables du Conseil, il s’agit d’une analyse des contributions des citoyennes et citoyens marocains au débat lancé par le Conseil supérieur de l’enseignement sur l’état des lieux et les perspectives du système national d’éducation, de formation et de la recherche scientifique.
Dans les détails, le CSEFRS a reçu 4.000 participations sur son portail électronique. Finalement et après étude et analyse de contenu, quelque 1.027 contributions seront retenues, réparties en plusieurs catégories d’intervenants.
Premier constat, les participants appartiennent quasiment tous au corps enseignant ce qui dénote d’un désintérêt de la part des familles et des élèves. Le corps enseignant, dans sa totalité, n’a pas été très intéressé par l’étude non plus.
Ce sont d’ailleurs les enseignants du primaire qui étaient les plus nombreux à s’impliquer. «La catégorie des enseignants du primaire arrive en tête des contributions avec un pourcentage de 18%, suivie par la catégorie des gestionnaires avec 11%. Les catégories d’enseignants du secondaire qualifiant, des inspecteurs et les autres ont atteint chacune environ 9%, tandis que les contributions des syndicats et des enseignants du secondaire collégial, étudiants et parents varient entre 5% et 6%», souligne le CSEFRS. Toutes les données collectées durant l’enquête mènent à une seule et unique conclusion : l’école va mal, très mal.
A la pelle
Alors que les acquis recensés sont très modestes, les dysfonctionnements sont légion. Le résumé de l’enquête publié par le Conseil présidé par le conseiller de SM le Roi Omar Azziman est édifiant. Les acquis du système éducatif se résument à un seul et unique paragraphe en tout et pour tout. Et même les acquis sont porteurs de plusieurs anomalies et dysfonctionnements selon les participants. Pour ces derniers, les principaux dysfonctionnements s’articulent autour de plusieurs problématiques.
L’enquête révèle ainsi une incohérence linguistique qui se traduit par un changement de la langue d’enseignement des matières scientifiques entre le secondaire et l’université combiné à une gestion inefficace des pluralités linguistiques et une faible maîtrise des compétences linguistiques. En outre, l’étude met en lumière la problématique de la qualité de l’enseignement (faible maîtrise des compétences et des connaissances de base, faible taux d’écoulement, élèves en surnombre dans les cycles du secondaire …) ainsi que la problématique du curriculum qui, elle, se manifeste à travers l’inadéquation entre les programmes scolaires et la vie active, matières enseignées à contenus surchargés, condensées et non fonctionnelles, modèle pédagogique non défini…
Par ailleurs, l’étude met à nu une réalité bien amère et un peu paradoxale. En effet, les inspecteurs de l’enseignement ont été très critiques vis-à-vis du corps enseignant dans les écoles publiques. «La direction pédagogique et les inspecteurs ainsi que les conseillers en orientation ont critiqué le corps enseignant du point de vue éthique et moral sur les heures supplémentaires réalisées dans les établissements privés», conclut l’étude.
Les questions prioritaires
Les participants à l’enquête ont identifié les priorités pour les réformes à venir. Il s’agit, notamment de la poursuite de l’élargissement du préscolaire, l’ouverture des établissements d’enseignement à tous les enfants en âge de scolarisation ainsi que le maintien de tous les élèves et les étudiants le plus longtemps possible dans leur parcours scolaire et universitaire.
Il est également question de garantir que les apprenants vont acquérir les connaissances de base et maîtrisent les compétences nécessaires à la vie, ainsi que les règles de la citoyenneté et de la morale. Les propositions convergent également vers la transformation de l’école en un environnement pédagogique convenable et convivial qui répond aux aspirations de la communauté et aux besoins du développement durable.
Concernant l’amélioration de la qualité de l’enseignement, il a été préconisé d’instaurer des mécanismes de contrôle et d’accompagnement pédagogique et d’évaluer les acquis des élèves de façon périodique et régulière. Il est question, en outre, de l’établissement d’un programme de soutien éducatif, élaboré par les experts, piloté et supervisé par les inspecteurs du ministère, tout en allouant des crédits conséquents pour inciter les acteurs pédagogiques concernés à s’impliquer dans un tel projet.
Mise à niveau Pour venir à bout des dysfonctionnements du système de l’éducation et de la formation, les participants ont proposé des pistes et suggestions de mise à niveau. Celles-ci concernent plusieurs domaines, dont deux en premier lieu, à savoir la qualité et la gouvernance. Le domaine des ressources humaines occupe le troisième rang du point de vue des participants. «Les inspecteurs ont insisté sur l’opérationnalisation de l’organisation de l’inspection, le corps enseignant, lui, a appelé à la révision de la relation inspecteur/enseignant et sur la généralisation de l’expérience du consulting pédagogique. Pour leur part, les conseillers en orientation mettent en exergue la nécessité de poursuivre l’instauration des structures de l’orientation et l’organisation de leur domaine d’intervention», lit-on dans l’enquête. De leur côté, les experts, les cadres de la direction pédagogique et les associations ont insisté sur la nécessité d’instaurer des mécanismes d’orientation précoce et de généraliser les services d’information et d’aide à l’orientation, en tant que droits de l’élève et de l’étudiant. |