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Les noubonnes, un nouveau phénomène de société

© D.R

Elles n’ont aucun contrat et le vide juridique permet à des familles de les exploiter

Le mode de vie des Marocains a évolué. Les femmes travaillent de plus en plus et n’ont pas le temps de s’occuper de leur famille. Pour cela, elles font appel à des bonnes pour accomplir les tâches ménagères et aux nounous pour s’occuper des enfants. Aujourd’hui, une nouvelle forme d’employées de maison est apparue : les noubonnes. Tout comme les bonnes, les noubonnes n’ont aucun contrat et le vide juridique permet à des familles de les exploiter.

«Sous-traiter les enfants»
Le besoin d’avoir des noubonnes devient insistant surtout en période de vacances. L’emploi du temps des mamans ne leur permet pas de s’occuper de leurs enfants. Pour cela, elles font appel à des personnes étrangères comme l’explique Ghita : «Mon travail bouffe tout mon temps et mon énergie. Je dois sortir de la maison vers 7h du matin et je ne rentre qu’à 20h. Malheureusement, je n’ai pas le temps pour m’occuper des enfants, les éduquer et les voir grandir. Mes parents ne sont pas avec moi dans la même-ville donc j’étais obligée d’avoir quelqu’un à la maison surtout pendant les vacances. Comme je n’ai pas les moyens de recruter une nounou et une aide ménagère, j’ai trouvé une annonce sur Facebook d’une fille qui veut travailler comme «noubonne». Son cas m’a interpellée, je l’ai recrutée sur-le-champ. C’est une jeune fille de 25 ans qui a de l’expérience. Elle s’occupe très bien de la maison et inculque les bonnes manières à mes enfants. Elle a réussi à leur imposer des règles et à gagner leur confiance, chose que je n’ai jamais pu faire. C’est vrai qu’elle coûte un peu chère (3.000DH par mois) mais au moins je sais qu’elle aime mes enfants et prend soin d’eux, et cela n’a pas de prix».
Selon les spécialistes de l’éducation, personne, en aucun cas, ne peut remplacer les parents dans l’éducation des enfants. Pourtant, ces derniers passent leurs journées avec ces noubonnes, et chanceux sont ceux qui tombent sur la perle rare. Cette dernière doit être une personne de confiance, qui sait bien garder un enfant et qui maîtrise les consignes de sécurité en cas d’accident domestique, de maladie ou d’une quelconque autre urgence.

Faire d’une pierre deux coups
Dans les réseaux sociaux et les discussions entre femmes, un mot revient en force ces derniers jours : les noubonnes. Pour se distinguer, certaines personnes font appel à des noubonnes sénégalaises, thaïlandaises ou philippines, d’autres se contentent de recruter des nounous marocaines et leur imposent d’accomplir les tâches ménagères comme c’est le cas de Fatna «issue d’un milieu très pauvre, j’ai voulu travailler pendant les vacances pour gagner un peu d’argent. J’ai publié une annonce sur Facebook, en précisant que je m’occupe uniquement des enfants et que je n’accepte pas de faire les tâches ménagères. J’ai été recrutée par une maman de trois enfants dans le but de m’occuper uniquement du petit dernier. Tout était dans l’ordre pendant la première semaine. Par la suite, j’étais obligée de gérer et de supporter les bêtises des deux premiers. Petit à petit, la dame m’a obligée à préparer les repas, à ranger les chambres, et à faire le grand ménage. Malheureusement, je ne pouvais pas refuser, ni même protester, par peur de ne pas recevoir mon salaire à la fin du mois».

Nouvelle forme d’esclavage?
La rareté des opportunités de travail pousse certaines filles à frapper à toutes les portes comme l’a fait Najat : «Avec un Bac+2, je n’ai pas réussi à décrocher un travail. Mes parents comptent énormément sur moi pour les prendre en charge, pour cela je suis obligée de travailler comme nounou chez une famille. Au début, on s’était mis d’accord sur tout : travailler de 8h à 18h, 6j /7 moyennant une rémunération de 2000 DH par mois. Je devais tout simplement m’occuper du bébé, lui préparer à manger, faire sa lessive, jouer et sortir avec lui. Petit à petit, les parents trouvaient des prétextes pour m’obliger à travailler le dimanche ou à passer la nuit. La femme me demandait gentiment de lui préparer le déjeuner et je me suis retrouvée à faire le ménage, préparer le dîner pour les invités et faire les courses. Bien évidemment, les patrons ne voulaient pas me payer les frais supplémentaires et se contentaient de me déposer chez moi le soir vers minuit».
La demande des noubonnes ne cesse d’augmenter.Plusieurs agences ont été créées et proposent leurs services aux familles. Bien évidemment, en l’absence d’une loi qui régit ce secteur -aucun contrat n’est signé entre les employeurs, les agences et les noubonnes-, dans la majorité des cas, ces dernières sont obligées de travailler durant des heures interminables, sans aucune assurance ni reconnaissance.

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