Les législatures passent et ne se ressemblent pas . A la faveur d’un contexte politique national propice au changement et à la modernisation des institutions représentatives, le Maroc prépare, lentement mais sûrement, sa transition démocratique. Le 27 Septembre prochain, les Marocains devront élire leurs représentants au parlement avec à l’esprit cet engagement personnel de SM Mohammed VI pour faire de cette date un moment fort dans l’histoire du Maroc et non un simple rituel votatif.
Aujourd’hui, c’est l’heure des bilans. Majorité, opposition, électeurs, chacun mesure, évalue, exprime son avis sur le rendement des représentants de la nation durant la législature qui s’achève.
Cependant, on a rarement donné la parole à une catégorie de citoyens qui suit au quotidien les performances, et parfois les déboires, des partis politiques représentés au Parlement avec ses deux chambres.
Assurant différentes fonctions dans l’imposante bâtisse, ces hommes et ces femmes ont pour mission de faciliter le travail de tous les représentants da la nation.
Parmi eux, il y’a des fonctionnaires qui sont considérés par leurs collègues comme la mémoire vivante de l’histoire parlementaire marocaine puisqu’ils sont en poste depuis la législature de 1977.
Pour R.O, fonctionnaire au Parlement depuis bientôt vingt-cinq années, les signes d’évolution de la vie parlementaire sont perceptibles à plusieurs niveaux, ne serait-ce que lors de l’élection du président de la chambre au début de l’actuelle législature. C’est après d’âpres négociations entre les différents partis représentés au Parlement que M. Abdelouahad Radi et les membres de son bureau ont été élus . Autrefois, le nom du président était connu d’avance, avant qu’il n’ait même pas brigué son mandat.
Cependant, notre interlocuteur n’a pas manqué de s’indigner devant le phénomène de la transhumance des députés. Car si les pérégrinations d’un ou de plusieurs députés s’accompagnent souvent d’un projet de création d’un groupe parlementaire, cela signifie pour les fonctionnaires du Parlement une charge supplémentaire de travail, sachant bien que ces «boutiques» fraîchement créées, apportent rarement une valeur ajoutée à l’activité législative.
Autre comportement scandaleux de certains députés, c’est l’importance vitale qu’ils accordent à la séance des questions orales. Retransmission TV oblige, certains partis politiques excellent dans la programmation de leurs questions orales pour profiter des retombées publicitaires du direct. Pour Mohamed, informaticien à la Chambre des représentants, les questions orales sont devenues des questions «visuelles» puisque chaque député tient à passer en direct sur le petit écran : «certains députés rivaliseraient bien avec les «média planner» les plus aguerris des grandes agences de communication».
Désertant leurs circonscriptions le lendemain des élections, nos députés maintiennent quand même une présence cathodique avec leurs électeurs au cas où…Maintenant, on parle d’un site internet parlementaire à travers lequel nos députés pourront «chatter» à loisir avec les citoyens.
Ces pratiques d’un autre âge, qui servent en premier lieu les intérêts électoraux des députés, n’ont plus droit au chapitre .
Le 27 septembre prochain, parmi les milliers d’électeurs qui feront le déplacement aux bureaux de vote il y aura des hommes et des femmes qui connaissent un peu plus nos députés pour avoir vécu avec eux toute leur législature sans écran interposé. Et si les électeurs savaient eux aussi tout de leurs députés ?
• Youssef Simou