Société

Les scénarii possibles de l’avenir

Aujourd’hui le Maroc : comment évaluez-vous le paysage politique marocain actuel ?
Habib Talb : Il est clair que le paysage politique est caractérisée par un pluralisme excessif et à outrance. Ce phénomène a des raisons et peut être attribué aux facteurs suivants : Premièrement, il y a l’intervention de l’Etat dans le cautionnement et l’encouragement de ce pluralisme. Cela nous l’avons constaté depuis le début de l’Indépendance, à tel point que les partis traditionnels de la droite étaient considérés par les forces progressistes comme des partis administratifs; c’est-à-dire un produit des appareils de l’Etat qui ont fait d’elle, depuis belle lurette , une majorité politique et un des piliers du régime politique marocain.
Le second facteur porte sur les mutations survenues à l’échelle planétaire suite à l’effondrement du mur de Berlin. Un effondrement qui a introduit le monde entier dans des relations nouvelles non encore totalement élucidées ; et ce, en dépit de son caractère mondial.
Cette mondialisation a suscité bon nombre de questions qui n’ont pas encore de réponses définitives.
Le troisième élément a trait aux mutations nationales qui s’inscrivent dans ce qu’il convient d‘appeler la transition démocratique. Cette phase ne se limite pas uniquement à l’aspect politique apparent, mais inclue, également, l’ensemble des mutations économiques, sociales et culturelles qui devraient avoir leurs répercussions sur le paysage politique. Enfin, il y a la question des effets et des séquelles de la phase politique précédente qui s’est distinguée par le rétrécissement de la marge des libertés tant au niveau de la société civile que pour ce qui est de la vie politique . Un phénomène qui a entraîné la neutralisation de larges couches sociales et leur indifférence à l’égard des préoccupations politiques. Bien entendu, cette longue asphyxie a entamé l’esprit et les ambitions de l’élite politique marocaine.
Qu’en est-il alors des perspectives d’avenir ?
Il faut dire que les quatre facteurs précités ont eu leurs effets sur le paysage politique, mais cela ne signifie nullement que le pluralisme que nous connaissons est nuisible dans le sens absolu du terme. Ce phénomène a certainement ses avantages et peut contribuer à l’élargissement de l’espace de politisation de la société marocaine. Mais, encore faut-il que ce paysage politique connaisse une nouvelle restructuration.
Justement, nous aimerions savoir votre avis sur les scénarios de coalitions possibles.
Dans ce sens, j’estime nécessaire de voir se réaliser quatre cercles de regroupement, à savoir: la droite traditionnelle, les partis de la sociale démocratie, les mouvements islamistes et la nouvelle gauche. A eux, s’ajoute un cercle plus large réunissant les forces démocratiques; et ce, même si ces forces ne sont pas aptes à se réunir ou à fusionner. Car, au moins, elles sont capables de créer des alliances entre elles et d’appartenir à un cadre assez large ; notamment en raison de l’existence de certains critères en commun sur le plan idéologique ou au niveau du programme politique, ou en raison de leur genèse historique, comme c’est le cas pour la gauche.
Où en est, donc, l’unité du PPS avec le PSD ?
Dans le cercle des forces socialistes qui englobe le PPS et le PSD, l’action unitaire a fait son chemin depuis plusieurs années, notamment à travers la constitution de groupes parlementaires en commun.
Actuellement, les pourparlers sont en cours avec l’USFP. Ce parti est le pivot de ce projet unitaire. Parallèlement à cela, il y a la possibilité de renforcer la Koutla et de l’élargir sur les autres formations de la gauche.

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