Les solvants qui sont utilisés comme dégraissants, diluants, décapants et purifiants, principalement dans l’industrie des peintures et des revêtements ne sont pas sans danger pour la santé. Au Maroc, le Centre antipoison et de pharmacovigilance (CAPM) a recensé 1.565 cas d’intoxications et 12 décès de 1980 à 2012. Des chiffres qui sont bien loin de la réalité.
Le CAPM avance deux raisons majeures à cette situation: la sous notification globale des cas d’intoxication et la non perception du risque lié à l’exposition à ces produits. L’intoxication par ces produits est le plus souvent accidentelle (1.103 cas). Les adultes et les bébés marcheurs sont les plus concernés. «Les adultes sont intoxiqués en cas de déconditionnement des produits de leur emballage d’origine et leur transvasement dans d’autres récipients sans étiquettes, et les bébés le sont par négligence des parents», indique le CAPM dans sa revue Toxicologie du 4ème trimestre 2013.
Le nombre de tentatives de suicide s’est chiffré à 322 et les cas de toxicomanie à 82. Sur ce dernier cas, le CAPM précise que ces produits sont utilisés par des adolescents toxicomanes afin d’atteindre un état d’euphorie. L’usage abusif de ces produits est favorisé par leur accès facile et leur prix dérisoire. La majorité des intoxiqués a présenté des signes digestifs, neurologiques et respiratoires. Sur ce point, le CAPM souligne que les cas déclarés étaient symptomatiques dans 55,72% des cas.
Les affections du système gastro-intestinal étaient les plus fréquentes (47,82%), suivies des troubles du système nerveux central et périphérique (22,02%) et des affections de l’appareil respiratoire (16,40%). Quant à l’incidence des cas d’intoxication, la majorité des cas a été enregistrée au niveau des régions de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer et du Grand Casablanca. Une situation qui pourrait être expliquée par l’accessibilité aux services sanitaires et le transfert des malades vers les CHU de ces régions.
Pour éviter ces dangers pour la santé des citoyens, ces produits doivent répondre à des règles d’utilisation, de stockage et d’élimination très strictes. Le CAPM estime qu’il est temps que les autorités habilitées à réglementer, à normaliser ou à contrôler ce type de produit se mobilisent avec la société civile pour «faire de l’ordre» dans la distribution, la commercialisation et l’utilisation des produits industriels et chimiques en général, et des diluants en particulier.