Entamée depuis trois mois, l’opération, la plus massive du genre en Espagne, de régularisation des travailleurs étrangers sans papiers, a pris finle samedi 7 mai dernier. Un processus, qualifié de « sans précédant », et « non seulement par le nombre de demandes mais aussi par le dispositif mis en place », a affirmé la secrétaire d’Etat à l’Immigration, Consuelo Rumi, dans un entretien paru samedi dans le journal madrilène «ABC». Même si l’heure du bilan définitif de ce processus n’a pas encore sonné, le gouvernement espagnol parle d’ores et déjà de quelque 700.000 personnes qui auraient bénéficié de cette opération. Ceci, sur un total de 800.000, qui étaient susceptibles d’être régularisées. A terme, plus d’un million de personnes bénéficieraient de cette opération. Le gouvernement espagnol s’attend à régulariser 400.000 autres personnes, notamment les enfants et les proches des premiers bénéficiaires.
De l’ensemble des demandes de régularisation, les Marocains occupent la troisième position, constituant 11,56% du nombre global des demandes. Ils sont précédés par les Equatoriens, avec près d’un quart du total, suivis des Roumains (16,59%). C’est dire que le nombre de Marocains auxquels cette opération devrait profiter tournerait autour de 80.000. Un résultat qui tranche avec l’idée selon laquelle le Maroc serait le premier exportateur d’immigrés clandestins, tel que l’ancien gouvernement Aznar a tant cherché à le véhiculer.
Cette mesure n’a pas pour autant été pour plaire à tout le monde. A commencer par ceux-là même à qui le travail dans l’informel profite. Des immigrants ont affirmé dans ce sens avoir été congédiés par leurs employeurs, dès qu’ils ont demandé à être régularisés.
C’est également le cas pour une bonne partie de la société civile espagnole qui a pointé du doigt les limites des conditions à remplir par les candidats avant que leurs demandes ne soient acceptées. Les autorités réclament, entre autres, aux candidats de fournir un document prouvant qu’ils sont enregistrés dans une commune espagnole depuis une date antérieure au 8 août 2004 et un contrat de travail. Ce qui a fait dire à des collectifs de sans papiers que ce processus était trop restrictif et que « des mafias vendant des contrats de travail pour 8.000 euros en ont été les seules bénéficiaires ».
Au-delà de ses aspects régulateurs et humains, cette mesure devrait également, nous informe l’AFP, avoir un impact significatif sur la sécurité sociale espagnole en augmentant la population active de quatre pour cent. Le recours à une main-d’oeuvre bon marché est souvent présenté comme le moteur de la croissance et de la prospérité espagnole, ces dernières années. Cette politique a permis de maintenir une inflation basse, une consommation élevée et de baisser le taux de chômage. Celui-ci est passé de 23 à 10% en dix ans. Cette régularisation massive intervient également alors que l’Union européenne débat de la nécessité d’établir une politique commune en matière d’immigration. Certains économistes en Europe estiment que c’est une nécessité face à un taux de natalité très faible qui entraîne un vieillissement de la population qui ne permettra pas, selon eux, de pourvoir aux vingt millions d’emplois prévus entre 2010 et 2030. C’est dire que l’immigration a toujours de beaux jours devant elle. En attendant, les immigrants, dont la situation ne pourra être régularisée, devront quitter l’Espagne ou en être expulsés. Des aides, sous forme notamment de micro-crédits, leur seront octroyés en perspective de leur retour dans leur pays d’origine.