Les jeunes d’aujourd’hui se trouvent entre le marteau de la formation universitaire et l’enclume des exigences du marché du travail. Après un parcours de combattant, ils décrochent un bac + 2, un bac + 4 ou un bac + 6. Mais la grande majorité n’arrive pas à accéder au secteur de l’emploi. Ils sont complètement déphasés par rapport aux réalités professionnelles.
L’entreprise moderne demande les compétences, la performance, l’expérience, la créativité, l’intuition, la décision et l’audace. C’est tout à fait normal, pour être productive, compétitive et pouvoir s’accrocher au train de la forte concurrence véhiculée par la nouvelle donne économique mondiale. Mais nos jeunes ont reçu des formations qui ne répondent pas à la demande des nouveaux entrepreneurs.
Pour certaines branches de l’enseignement universitaire, l’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur marque automatiquement le départ d’une autre étape. Celle du chômage et des souffrances, sous toutes leurs formes. Dans ce cadre, des associations de diplômés-chômeurs ont été créées, des sit in ont été organisés devant plusieurs départements ministériels et des grèves ont été observées devant l’institution parlementaire. L’Etat n’est plus pourvoyeur des emplois. Le secteur privé, pour sa part, exige des critères qui font défaut à nos jeunes diplômés. D’un côté, des milliers d’emplois sont vacants dans le secteur et d’un autre côté, des milliers de diplômés qui continuent de chômer. Une problématique qui n’a pas de solution, à part une formation complète et solide qui répond aux véritables besoins de l’entreprise. Ces jeunes payent maintenant et chèrement le prix de l’inadaptation de la formation au marché du travail. Devant cette situation, on a créé un cycle de formation qualifiante pour les licenciés. Une année de formation qui s’articule autour de l’apprentissage des nouveaux moyens de communication et de traitement de l’information. Mais les résultats n’ont pas été probants. Le chômage continue de monter en flèche.
Il fallait trouver une solution pour le dénouement de la crise, ou du moins l’alléger. A cet effet, il a été procédé à la création de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC). Comme son nom l’indique, sa mission consiste en la promotion de l’emploi et des compétences. Être un intermédiaire entre les deux parties, orientater, conseiller, en vue de remédierer à la situation.
Finalement, il s’est avéré qu’elle oeuvre dans le sens contraire. Elle n’a fait qu’enfoncer le clou. Avec l’opération des trente mille emplois virtuels dans les bateaux de croisière, l’ANAPEC ne contribue-t-elle pas au désespoir de la jeunesse marocaine ? Plus de 80.000 diplômés ont été arnaqués dans cette affaire.
Maintenant, c’est le sujet qui anime toutes les discussions durant cette saison estivale. Et l’ANAPEC continue ses manoeuvres en « vendant » les illusions à nos jeunes diplômés. Elle gère le temps de sorte à éviter les émeutes qui vont être provoquées par ses agissements. Si on parle du désespoir des jeunes diplômés, en voilà une raison.