La question de l’immigration clandestine est devenue monnaie courante. Ces deux dernières semaines du Ramadan ont été marquées par plusieurs arrestations d’hommes, de femmes mais aussi d’enfants dont la tentative d’émigrer a échoué. L’annonce du nombre de personnes appréhendées, celui de cadavres repêchés et les naufrages d’embarcations ainsi que l’effectif des immigrés secourus en pleine mer relève de l’actualité. Mais souvent, on n’ignore exactement le nombre de ceux qui arrivent à traverser le Détroit à leurs risques et périls. Pendant le premier trimestre de cette année, 2687 personnes candidates à l’immigration clandestine ont été arrêtées contre 2206 l’année dernière, soit une augmentation de 18 %. L’augmentation concerne également le nombre de cadavres repêchés et les naufrages d’embarcations ainsi que l’effectif des immigrés secourus en pleine mer durant le même trimestre, soit respectivement 25 contre 15, 15 contre 5 et 269 contre 32 en 2000. Si les partenaires de l’autre rive, notamment l’Espagne, se plaignent de cet état de choses, il faut dire que c’est leurs économies qui en profitent largement. Et dans la majorité des cas, ce sont des milieux espagnols qui se trouvent derrière l’organisation de l’immigration clandestine. Ils misent sur le sous-développement, le chômage, la pauvreté et surtout l’analphabétisme dans les pays d’origine, pour alimenter leurs réseaux. Si le Maroc compte parmi les pays à forte émigration, il faut dire que le fait qu’il est un pays de transit d’émigrés de pays voisins vers l’Europe aggrave davantage la situation. En témoignent les arrestations d’Africains dans le nord et le sud du pays. Il est vrai, on n’émigre jamais par plaisir, si on trouve du travail sur place et des conditions de vie décentes. Dans ce cadre, force est de constater que ce sont les partenaires de l’autre rive qui n’ont pas honoré leur part de marché. La Conférence de Barcelone a initié un certain 28 novembre 1995 un processus de coopération, pour faire du Bassin méditerranéen un espace de paix et de prospérité. Son troisième volet porte sur des objectifs sociaux, ce qui se traduit par un rapprochement entre les peuples de la région au moyen d’un partenariat social, culturel et humain. Mais ce serment n’a pas été respecté. De même, le programme MEDA n’a pas tenu ses promesses, 27% seulement de ses fonds ont été réellement déboursés entre 1995 et 1999, outre le déséquilibre dans la répartition de ces fonds en faveur des programmes soi-disant de transition économique (22% de ces fonds sont consacrés à l’ajustement structurel aux dépens du social). Par contre, le volet sécuritaire relatif à l’immigration et à la lutte contre le trafic de drogue est appliqué, exception faite, bien entendu, pour l’émigration des cerveaux et des muscles, chercheurs et sportifs.