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L’humain à placer au centre des politiques de réduction des risques

© D.R

«Harm Reduction : Manifesto» présenté aux États-Unis

La réduction des risques s’étale désormais aux mesures de protection contre la Covid. «Confinement, port du masque… sont des mesures de réduction des risques. C’est ce qui nous a aidés à réfléchir au livre «Harm Reduction : Manifesto»», précise, mercredi, Dr Imane Kendili lors du lancement aux E.-U. de cet ouvrage collectif, édité par Orion et regroupant les contributions de plusieurs experts de par le monde dont le Pr Jallal Toufiq entre autres, le temps d’un webinaire initié par Philip Morris International avec le Washington Times entre autres.

Pour une politique publique
Pour la psychiatre addictologue, «la réduction des risques doit devenir, avec la Covid, un programme de politique publique nécessaire». Dr Kendili avance même une vision globale lors du webinaire «Practical not magical : harm reduction and public health». A son sens, il n’est pas question de raisonner en termes de santé des pays du Nord ou du Sud. «Plutôt une santé mondiale qui implique aussi les individus pour se protéger», tempère-t-elle. Par l’occasion, elle donne l’exemple de l’Afrique qui n’a pas les moyens et doit capitaliser l’expérience d’autres continents. «Il y a un coût économique pour des pays qui n’ont pas de budgets nécessaires pour la santé», décortique la présidente de la MAPA (Association de médecine addictive et pathologies associées). Dr Kendili plaide, entre-temps, pour un «abord de l’humain qui n’est pas parfait». «On peut éduquer dès le plus jeune âge», illustre-t-elle en rappelant qu’à l’horizon 2025, le sucre et le tabac seront deux serial killers. C’est pourquoi elle propose «une troisième voie du juste milieu». «On s’adapte au patient en l’impliquant dans sa santé», explicite-t-elle.

Le temps de préparer des réponses
Egalement de la partie, Kye Young, vice-président des partenariats et du développement à la fondation pour la restauration climatique USA, aborde la question de réduction des risques selon un angle environnemental qui touche également la santé des individus. «Il est temps de préparer des réponses et d’agir pour le climat avec conscience», martèle-t-il. De son côté, Lt Diane Goldstein, directrice exécutive du partenariat d’action pour l’application de la loi aux USA, établit un rapport avec les crimes. «Chez les personnes engagées et intégrées dans leur communauté, le crime a diminué», explique-t-elle en comparant cette démarche à la consommation de drogue. «Notre rôle est d’implémenter des politiques pour mitiger les risques à travers la santé et l’éducation tout en éduquant au plaidoyer», ajoute-t-elle. Dans le même sens, M. Young indique, sous un point de vue climatique par contre : «Nous avons besoin d’une solution holistique pour l’adaptation. Nous avons également besoin d’une bonne éducation tout en travaillant avec les leaders du monde». A cet égard, il insinue l’investissement en recherche et énergie durable en évoquant la décarbonisation.

Des comportements humains à adopter
«Les individus peuvent adopter des comportements. C’est comme ça qu’ils peuvent être en sécurité», estime, pour sa part, Mazen Saleh, directeur des politiques intégrant la réduction des risques, R Street Institute. Dans ce sens, il recommande d’avoir «la bonne information comme cela été le cas pendant la Covid». Il s’agit, pour lui, de «manager les risques pour protéger les individus, de montrer aux décideurs politiques ce qui se passe dans leurs Etats, de s’auto-éduquer et s’engager dans la protection de sa communauté». Dr Kendili abonde à son tour dans ce sens. «Nous parlons toujours de lutte contre les addictions, le tabac, les MST et la pollution. Cependant nous devons manager les comportements humains idéaux en s’adaptant à la réalité du terrain. Il y a un fossé entre la réflexion, les décisions et l’applicabilité», souligne-t-elle en rappelant que le THC donne plus d’impulsivité. Le tout en estimant que la santé est liée au social et à l’économique. «Je pense que les réductions de risques peuvent rassembler les différents maux de la société en un travail commun d’experts. Mais, avant de décider, il faut aborder l’humain dans sa globalité», recommande-t-elle en donnant l’exemple du travail collectif dans le cadre du Manifeste présenté.

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Les recommandations de Dr Kendili en matière de tabac

Pour le seul tabac, le Maroc a été avant-gardiste il y a une quinzaine d’années avec les héroïnomanes, soit les usagers de drogues injectables. Ainsi, il y a eu des kits d’injection qui ont été distribués, la méthadone est entrée dans les Centres. Aujourd’hui la prise en charge se fait à l’instar de groupes de pays développés.
Maintenant quand on parle de réduction des risques concernant le tabac, si on a pu la mettre en place en ce qui concerne les usagers de drogues injectables et les héroïnomanes et qu’aujourd’hui c’est bien pris en charge, il semblerait ridicule de ne pas intégrer la réduction des risques en matière de tabac, et en matière de sucre. Aussi parce qu’on a un grand nombre de diabétiques et de fumeurs. Dans nos sociétés à nous il y a encore cette image où le tabac, ou la cigarette fait moderne. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays comme le nord de l’Europe, etc.
Il faut donc faire de la prévention, absolument sensibiliser les jeunes à ne pas commencer à fumer. Mais il faut prendre en charge l’adulte et les personnes qui sont de grands fumeurs et qui n’arrivent pas arrêter. Il faut à l’instar de la méthadone penser aux produits de substitution et avoir l’esprit ouvert. Car le mieux et la meilleure des choses à faire c’est de pouvoir améliorer la santé des gens comme on a pu le faire avec la réduction des risques pendant la crise Covid (masque, distanciation, vaccination, c’est aussi une politique de réduction des risques). Donc je pense que c’est dans le même mouvement. Maintenant, le Maroc, quant à la position sur la réduction des risques, je pense que les experts qui ont travaillé sur la réduction des risques, comme le professeur Jallal Toufiq, ou des personnes qui connaissent le terrain penseront la même chose que moi, qu’il faut s’adapter à l’humain, et aux patients, qui n’est malheureusement pas idéal. Il faut bien entendu prévenir l’entrée dans la consommation, mais avoir l’esprit ouvert de prendre en charge les patients comme ils sont, parce que les patients sont des fois très récalcitrants à l’arrêt où la rechute est la règle, et c’est très difficile quand on a des maladies chroniques.
Alors dans la stratégie nationale de santé il y a plein de choses à intégrer, notamment la réduction des risques en matière de tabac, de sucre et d’obésité ainsi que l’exercice physique.
Je pense que la crise Covid nous a montré la réduction des risques en tant que politique de santé publique après Covid, les limites de la prise en charge de quand la maladie est installée et qu’on doit travailler sur la réduction des risques dès l’enfance, c’est aussi la réduction des risques aux écrans ou les jeux vidéo, donc c’est évident que les choses doivent se faire dans ce sens-là.
Maintenant, non comme il y a des tenants et des aboutissants, que c’est l’industrie du tabac, que c’est très critiqué et les gens ont peur… Il faut avoir peur oui, baliser les choses oui, mais je pense qu’il faut surtout penser à quel impact et quel gain on peut avoir pour le patient en termes de maladies chroniques, de maladie lourde, qui coûtent beaucoup, et aux patients humainement, socialement et aussi économiquement d’un point de vue santé en général.

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