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Libye : Saïf Al Islam doit faire face à l’opposition des conservateurs

© D.R

Le fils du colonel Mouammar Kadhafi, Saïf Al Islam, connu pour ses opinions réformatrices et son ouverture en direction de l’Occident, doit faire face à une opposition des conservateurs libyens qui cherchent à retarder son accession à la tête du gouvernement. Au mois d’octobre, Saif Al Islam avait été désigné coordinateur général des directions populaires, une instance regroupant depuis les années 1980 les personnalités politiques, économiques et tribales les plus influentes du pays. Cette nomination aurait dû faire du fils du colonel Kadhafi le deuxième personnage le plus important de l’État en lui confiant toutes «les prérogatives pour bâtir la Libye du futur».
Mais Saïf Al Islam, qui a joué un rôle clé dans le réchauffement des relations entre Tripoli et l’Occident, n’a toujours pas pris ses fonctions et la question n’a pas été soulevée le mois dernier devant le Congrès général du peuple (CGP), principal organe consultatif du pays.
En décembre, deux journaux du groupe de presse «Al Ghad» dont Saïf Al Islam avait soutenu la création ont été contraints de suspendre la publication de leur version papier. Les journaux avaient publié des articles sur des affaires de corruption présumée. Al Ghad avait expliqué avoir été l’objet de pressions très fortes de la part de l’imprimeur, une entreprise d’Etat, et de dirigeants libyens qui lui reprochaient un article sur un remaniement ministériel à venir. Un haut responsable libyen, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat dans le journal «Asharq Al Awsat», a expliqué que le fils du leader libyen n’était pas près d’assumer un rôle au sein du gouvernement et qu’il s’en tenait à sa décision, prise en 2008, de se retirer de la vie publique. Des observateurs font valoir que Saïf Al Islam se contente peut-être d’attendre son heure. «Nous croyons que le Guide Kadhafi continue de souhaiter que Saïf Al Islam devienne le coordinateur des directions populaires et qu’il prenne en charge la gestion des affaires nationales au quotidien», estime Charles Gurdon, expert des questions libyennes au sein du cabinet de conseil Menas Associates. Les analystes notent que Saïf Al Islam doit s’assurer d’un soutien de l’opinion publique s’il veut réussir à mettre la vieille garde sur la touche et imposer son autorité à des personnalités influentes comme le ministre des Affaires étrangères, Musa Kusa, et l’ancien chef du renseignement, Abdullah Senusi. Ses partisans affirment que Saïf entrera au gouvernement lorsqu’auront été instaurées une certaine dose de liberté politique dans le pays et un peu plus de transparence dans les institutions. Depuis plusieurs années, il cultive une image de réformateur décidé à s’attaquer au pouvoir des apparatchiks dans un pays qui est sorti de plusieurs années d’isolement diplomatique et qui a commencé à coopérer avec l’Occident sur des questions de sécurité et d’immigration. Mais cette ouverture et la fin des sanctions ne se sont pas traduites par une ouverture politique, les conservateurs restant déterminés à dresser des obstacles sur la route qui pourrait mener Islam à succéder à son père.

 Tom Pfeiffer (Reuters)

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