Société

L’imam charlatan

Abderrahman a choisi cette fois la région de Taounate, au nord de la ville de Fès pour chercher une mosquée où présider les prières et donner des leçons de «Hadith» C’est tout ce que sait faire cet«Imam», depuis une dizaine d’années. Il a quitté, au début des années 80, son douar, Azyme, province de Larache où il a laissé sa femme, ses quatre enfants et tous les autres membres de sa famille. Certes, il leur envoyait des sommes d’argent pour survivre, mais ne leur rendait visite que rarement. Il débarque dans la région de Targuiste, province d’El Housseima. Là, il passe quelques années avant d’être obligé de la quitter pour chercher une autre mosquée dans les environs de Taounate. Abderrahman connaissait bien cette région. Il a visité la majorité de ses douars à l’affût d’une mosquée sans imam. Du douar Aïn Aïcha à ceux de Aïn Lagdah, Bni Oulid, El Bibane, Fennassa Bab El Hit, Galaz, Jbabra, El Bsabsa, Moulay Abdelkrim, Timezgana, Zrizer, Bouâdel, Aïn Maâtouf, Kariat Ba Mohamed, Khlalfa, Thar Es-Souk et bien d’autres. Il lui arrive d’être accueilli chaleureusement par des habitants en quête d’un «Fkih» qui préside la prière, enseigne les premiers versets du Coran aux enfants et donne des leçons de «Hadith» après la prière d’Al Maghrib. Ils étaient généreux avec lui au point qu’ils lui ont offert une maison mitoyenne à la mosquée Durant les premières semaines de son séjour au douar, il paraissait très honnête, très respectueux et élégant. Les jours passent et les habitants commencent à le prendre comme modèle de droiture, de loyauté et de sincérité. Cinq mois plus tard, Abderrahman commençait à changer. Un changement que personne n’a pu déceler au départ. Il accueillait des femmes chez lui. Il affirmait détenir une Baraka qui permettait aux femmes célibataires de se marier et aux stériles de tomber enceintes». La nouvelle a fait le tour du douar. Des femmes commençaient à affluer chez lui. Depuis, il n’a plus de temps pour enseigner le hadith aux fidèles. Il se contente de présider la prière. Au fil des jours l’imam ne cessait d’accueillir les femmes et d’amasser des sommes d’argent. Il ne s’intéressait plus aux fidèles. Ce qui lui importe, maintenant, c’est de répondre aux besoins des femmes célibataires et aux stériles. Le mariage de certaines filles du douar lui a fait une bonne réputation chez les célibataires. Mais parmi les stériles, aucune n’est tombée enceinte. Ce n’est qu’une année et demie plus tard qu’une cliente est tombée enceinte. C’est la surprise au douar. Que s’est-il passé ? Elle était stérile; pourtant, elle est tombée enceinte; alors même que son mari, militaire de son état, était au Sahara. Ça dépasse l’imagination des campagnards. La famille a alerté l’époux. Il n’a pas perdu de temps pour rentrer chez lui. Heureusement, il est resté calme. Il a tenté de gérer la situation raisonnablement. Sinon, c’est l’irréparable qui allait se produire. «Qui t’a fait ça ?», lui a-t-il demandé : «C’est Abderrahman, l’imam». Il n’en croyait pas ses oreilles. Pourtant, il a vite vérifié que l’imam n’hésitait pas à faire des avances à ses clientes. Il lui arrivait souvent de satisfaire ses besoins sexuels. C’est pour les mêmes motifs qu’il a été chassé par les habitants d’autres douars à Larache et à El Housseima. Si ces derniers ont préféré ne pas alerter les gendarmes, le militaire lui n’a pas hésité à le faire et l’Imam s’est retrouvé derrière les barreaux. Il a été condamné à un an de prison ferme pour adultère. Alors que l’épouse du militaire, elle, a écopé de six mois de prison ferme.

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