Société

L’innocence violée

Les éléments de la police du 20ème arrondissement de Lissassefa, préfecture d’Aïn Chok-Hay Hassani se sont dépêchés, une fois alertés, sur le bloc B, Route d’El Jadida, à Casablanca pour rechercher Abdelaziz.
Tous les habitants de ce quartier le connaissent. Il s’est enfui depuis une année de la pauvreté et de la misère du douar où il est né en 1975 ; Akka, au Sud marocain. Il n’a pas chômé à Casablanca. Un membre de sa famille qui en séjourne depuis belle lurette l’a accueilli depuis son premier jour. Il dispose d’un commerce destiné à la vente des cacahuètes, des pois-chiches, des pépites et de tous autres amuse-gueules. Abdelaziz devient son aide-commerçant.
Les policiers n’ont pas trouvé de difficultés pour le connaître. Le petit enfant du quartier peut, également, leur indiquer son commerce qui se situe au n° 215. “Ferme ton commerce et accompagne nous au commissariat“ lui demande l’officier.
Abdelaziz commence à pleurer et leur demande le motif de son arrestation. Un inspecteur de police le saisit violemment par sa main. Son chef lui ordonne de ne le plus maltraiter. Abdelaziz ferme le commerce et donne les clefs à son voisin :“ Avise Lahcen et donne-lui ces clefs“ lui dit-il.
Dans un bureau exigu au 20ème arrondissement de la police de Lissassfa, l’officier informe Abdelaziz qui pleure encore :“Tu es accusé d’avoir violé (…) qui a dix-sept mois, que dis-tu ?“.
Tremblant de peur, Abdelaziz, nie:”je n’ai rien fait chef, tout le monde au quartier me connaît… J’ai pris vraiment le bébé de chez sa soeur Laïla et je l’ai gardé chez moi quelques minutes avant de rendre à Laïla… aussitôt elle l’a confié à trois enfants que je ne connais pas…”, déclare-t-il à l’officier qui a demandé à son adjoint de consigner ses déclarations dans un procès verbal. L’officier appelle la mère du bébé. Elle s’asseoit et entame ses déclarations :“ J’ai confié, vers 10h, mon bébé à ma fille Laïla…je voulais préparer le déjeuner…seulement elle est retournée à la maison sans lui et m’a expliqué que Abdelaziz le garde… mais une heure plus tard, il a remis le bébé à ma mère qui a remarqué du sang dans ses couches…Je l’ai emmené chez le médecin qui m’a avisé que mon bébé a fait l’objet d’un viol“. La mère a décliné le certificat médical à l’officier. Laïla, dix ans, précise à la police que Abdelaziz a gardé son frère chez lui comme il gardait, de temps à autre, d’autres petits enfants du quartier.
Abdelaziz nie toujours les accusations. Les policiers se dépêchent sur le local en compagnie d’Abdelaziz. Le propriétaire était là. Il lui autorise par écrit qu’ils effectuent une perquisition. Une fois entrés, ils ont remarqué des gouttes de sang sur des paquets à l’intérieur du commerce et ils ont mis la main sur un chiffon portant des taches de sang et des excréments.“Voilà la preuve que tu l’as violé, que dis-tu?“ Abdelaziz baisse sa tête et commence à pleurer une fois encore. Les policiers le menottent. Il monte au fourgon qui retourne au commissariat. Cette fois-ci Abdelaziz passe aux aveux :“ oui je l’ai violé…Je n’ai jamais violé autre enfant que lui…Je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela…“. Abdelaziz a été déféré devant la Chambre Criminelle près la Cour d’Appel de Casablanca. Il a été condamné à six ans de réclusion criminelle.

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