Société

L’instit pédophile devant la justice

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La rentrée scolaire dans la ville de Jérada débute sur un fond de scandale. À quelques jours de l’ouverture de l’école primaire  «Al-Wafaâ», les parents d’élèves ne parlent que de cette affaire qui a suscité un tollé vers la fin de la précédente année scolaire. L’histoire remonte en fait au jour où un élève a décidé de raconter ce qu’il endurait à l’école. La révélation a secoué les parents qui se sont vite allés chercher la vérité. L’information s’est répandue comme une traînée de poudre dans cette petite ville et a poussé les autres enfants à rompre le mur du silence. L’enquête diligentée par la délégation du ministère de l’Education nationale a confirmé les soupçons des parents. « Les comportements immoraux de cet instituteur sont prouvés et ce après avoir noté les déclarations du directeur de l’école, du concerné lui même  et de ses 36 élèves », relève-t-on dans le rapport rédigé par le comité dépêché spécialement pour cette affaire par la délégation du ministère de l’Education nationale à Jérada. Et d’ajouter, « les 36 écoliers interrogés étaient unanimes quant à l’immortalité de son comportement : des injures basses, attouchements sur les organes génitaux des filles, baisers et frottements. Les attouchements sont également pour les garçons. Derrière le bureau et devant la bibliothèque, il agressait les filles ». S’agissant de l’instituteur, âgé de 33 ans et célibataire, il a nié avoir abusé sexuellement de ses élèves et a avoué tout de même qu’il lui arrive «de prononcer des mots immoraux». Jusqu’à aujourd’hui, 19 plaintes sont déposées contre lui.
Ce cas de pédophilie continue de défrayer la chronique pour deux raisons principales. D’abord le nombre des écoliers victimes d’abus sexuels et ensuite la manière avec laquelle ce jeune instituteur agissait.
«Banaliser ses abus sexuels était d’ailleurs son objectif pour camoufler ses actes pédophiles. C’est ainsi qu’il a institué une nouvelle règle pédagogique : des attouchements sexuels en guise de punition », précise Najat Anouar, présidente de «Touche pas à mon enfant ». Pour ces 36 enfants, la rentrée scolaire serait particulièrement dure. Remettre les pieds dans la même classe est susceptible de réveiller de mauvais souvenirs. C’est pour cette raison d’ailleurs que l’association «Touche pas à mon enfant» a pensé à faire profiter ces enfants de séances de psychiatries. « En étroite collaboration avec la délégation du ministère de l’Education nationale de la ville de Jérada, un psychiatre verra ces enfants à raison d’une séance par semaine à partir de ce mois-ci. Une salle de l’école primaire «Al-Wafaâ» sera aménagé rien que pour cela », affirme Najat Anouar, présidente de cette association oeuvrant pour la protection des enfants des abus sexuels. Et d’ajouter, « ces petites victimes sont issues de familles nécessiteuses qui ne peuvent amener leurs enfants chez des psychiatres ». Il faut rappeler que cet instituteur a été exclu, depuis l’éclatement au grand jour de ce scandale, du corps enseignant par le ministère de l’Education nationale.
Il a été présenté pour la première fois devant le juge d’instruction de la ville d’Oujda durant la dernière semaine du mois d’août dernier.
Dernièrement, les cas de pédophilie dans des établissements scolaires sont devenus de plus en plus nombreux et concernent presque toutes les régions du Maroc. Parmi les cas les plus médiatisés, il y a celui de la crèche «Ililane», en plein cœur du quartier de l’Agdal, à Rabat. Cette fois-ci, c’est le gardien de l’école qui abusait sexuellement des enfants. Âgé de 56 ans et célibataire, il a été condamné à une peine d’emprisonnement de cinq ans. Pour l’instituteur de l’école « Al-Wafaâ», la peine serait plus lourde puisque la liste des victimes est longue. Secoués par ce scandaleux procès de pédophilie, les habitants de Jérada ainsi que des activistes dans le monde associatif s’attendent impatiemment au dénouement de cette affaire.

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