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L’institut CDG lance le débat : Quel modèle de retraite pour le Maroc ?

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Le taux de remplacement peut fluctuer en parallèle avec le taux de cotisation et la durée de carrière de référence peut aussi être adaptée. Ainsi, la pension équivaut au compte de points multiplié par la valeur du point et le coefficient âge.

Au moment où la réforme des retraites bat son plein au Maroc, les études foisonnent. Celles, au nombre de deux, de la «Chaire Retraite et Prévoyance» relevant du Pôle Prévoyance de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), viennent d’être présentées lundi à Rabat. Il s’agit, en premier, de «Transformation des régimes de retraite financés par répartition et gérés en prestations définies en des régimes gérés par les points». Quant à la 2ème étude, elle s’intitule «Mesure du coût de la non-couverture retraite».

Etudes menées sur la base d’enquête auprès de 5.500 ménages

Selon Abderrahim Oulidi, directeur de l’Ecole d’Actuariat de Rabat (UIR) et coordonnateur scientifique de la Chaire Retraite et Prévoyance, créée par la CDG, le HCP et l’Université internationale de Rabat, ces études ont été menées sur la base d’une enquête faite auprès de «5.500 ménages». A propos de l’étude «Transformation des régimes de retraite financés par répartition et gérés en prestations définies en des régimes gérés par les points», M. Oulidi, qui explicite notamment le cas du Maroc, estime que «le passage de l’annuité aux points permet une redistribution des richesses».

Dans ce sens, il fait une simulation du système belge. A lui seul, le régime des points se base, selon ses dires, sur le nombre de ceux-ci, soit le salaire brut multiplié par le salaire moyen. «Les petits salaires n’ont pas beaucoup de points», détaille-t-il. Dans le cadre de ce régime, la pension est, comme il le précise, calculée selon le nombre de points multiplié par la valeur du point de service et le coefficient. A son tour, la valeur du point de service est calculée selon le taux de remplacement (70%) multiplié par le salaire moyen et la durée de cotisation. Ce régime de points a également été décortiqué par Pierre Devolder, professeur à l’Institut de statistique, biostatistique et sciences actuarielles (ISBA) de l’Université Catholique de Louvain (Belgique).

Un système cohérent, avantage pour le régime des points

Pour M. Devolder, qui a présenté des comparaisons entre différents régimes de par le monde, «l’avantage des points réside dans un système cohérent». Pour l’heure, il existe, selon ses dires, un mélange de répartitions et prestations dans la plupart des pays du monde qui fait face à plusieurs challenges dont la longévité croissante. «Notre marché d’emploi et nos sociétés ne sont plus les mêmes. Croire que les systèmes de retraite peuvent perdurer est une erreur», commente-t-il. Pour illustrer ces changements, il cite l’exemple des carrières mixtes et mouvantes entre autres. Il énumère également des cas de par le monde. Celui suédois offre le passage de comptes définis vers des contributions définies. En détail, il existe, selon ses dires, des comptes notionnels avec un taux de cotisation défini et fixe. «Les Suédois paient 16%», précise-t-il. Dans celui hollandais, l’âge de retraite est indexé sur l’espérance de vie qui bouge graduellement. «Il faut une équité individuelle et des systèmes équitables en fonction du choix de l’individu», recommande-t-il en commentant ces exemples. Comme il l’indique également qu’il n’existe pas de système parfait.

Des propositions pour le cas marocain 

«Si le Maroc veut passer en capitalisation, la jeune génération va devoir payer deux fois», ajoute-t-il. Pour Devolder, il faut une adéquation sociale du système. En d’autres termes, un régime de retraite doit être soutenable financièrement. A propos du régime par points, il précise que le taux fixe permet de calculer le nombre de points à acquérir. Le nombre de points n’étant pas censé bouger après la retraite. «Si les actifs acceptent de payer plus de cotisations, ils auront plus de points», estime-t-il. Par l’occasion, il présente le projet belge de pension à points. Celui-ci se base sur la valeur du point qui équivaut au taux de remplacement cible multiplié par le salaire de référence sur la durée de celle-ci. Pour lui, le taux de remplacement peut fluctuer en parallèle avec le taux de cotisation et la durée de carrière de référence peut aussi être adaptée. Ainsi, la pension équivaut au compte de points multiplié par la valeur du point et le coefficient âge. Cela étant, l’intervenant, qui cite l’auto-enrollment qui consiste en la déclaration des employés automatiquement par l’employeur, semble apprécier le cas suédois où une complémentarité et un partage de risque existent. Dans ce modèle, il y a une couche en conventionnel et une autre en capitalisation obligatoire. De son côté, Hélène Xuan, Senior Advisor à Tenzing Conseil – déléguée générale, Assurance et Protection sociale, abonde dans le sens du système marocain. Elle estime que celui-ci fait «face à des défis mondiaux». Elle indique que 80% de la population marocaine en âge de travailler n’est pas couverte.

Ce sont également plus de 70% des bénéficiaires qui ont une pension inférieure au SMIG. Aussi, le Maroc consacre moins de 5% de son PIB à la protection sociale. Elle étale, par l’occasion, des défis pour le Maroc. Il s’agit en premier d’un pilier 0 pour couvrir les travailleurs pauvres. Il est également question de droits «plus» qui sont des droits sociaux pour les non-couverts avec un dispositif d’accompagnement qui les incitent ou obligent à épargner. Un autre challenge consiste, selon ses dires, en une «confiance à instaurer sur la base d’une communication pédagogique et accessible à tous». L’accessibilité par un travail en amont de meilleure connaissance des publics cibles et le design de produits retraites étant également un autre défi à son sens. Le dernier défi étant le statut de la personne âgée qui assure à chacun un droit au repos pour les personnes âgées. Pourquoi pas.

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