Dans son rapport stratégique sur la gouvernance, l’Institut royal des études stratégiques (IRES) propose les contours d’une gouvernance renouvelée au Maroc pour remédier aux nombreux obstacles au niveau de l’implémentation des politiques publiques. Les détails.
L’institut royal des études stratégiques (IRES) vient de publier son rapport stratégique sur la gouvernance intitulé «Quelle gouvernance pour un monde en mutation?». Ce rapport met en exergue le modèle singulier de gouvernance du Maroc et sa doctrine en matière de gouvernance mondiale. Il propose les contours d’une gouvernance renouvelée. Dans son rapport, l’IRES signale que le Maroc dispose d’une vision à long terme et d’instruments nécessaires à la mise en œuvre d’une bonne gouvernance publique. De ce fait, il a pu acquérir une longueur d’avance par rapport à de nombreux pays en développement et même émergents. Cela dit, l’IRES estime que les efforts déployés jusqu’à présent n’ont pas pleinement produit les effets escomptés. De nombreux obstacles restent à surmonter au niveau de l’implémentation des politiques publiques, notamment le décalage entre les orientations stratégiques et leur traduction opérationnelle, le retard dans l’adoption des textes d’application des lois, l’implication insuffisante des parties concernées, la lourdeur des procédures administratives, le manque de cohérence entre les stratégies sectorielles. L’Institut note que ces dysfonctionnements se traduisent par un déficit en termes de croissance économique et de création d’emplois. Pour remédier à ces obstacles, le rapport indique que l’adoption d’un nouveau modèle de gouvernance s’avère nécessaire en vue d’accélérer la marche du Maroc vers l’émergence, tout en répondant aux aspirations croissantes de la population en matière de bien-être, d’équité et de justice sociale. Ainsi, le Maroc devrait rénover son modèle de gouvernance publique en ancrant définitivement la factualité, la rationalité, la transparence, la participation, l’intelligence collective et l’agilité pédagogique de la crise dans la pratique des acteurs publics. Il devrait mettre en place une gouvernance anticipative et adaptative, axée sur la mise en œuvre d’un système de planification stratégique, l’adaptation de la gestion des finances publiques à un monde multi-crises. En effet, la planification stratégique permettrait de dépasser la vision court-termiste des finances publiques, en prenant en considération les crises successives impactant les équilibres financiers de l’Etat et la gouvernance des finances publiques. De ce fait, le passage de la prévision à une programmation pluriannuelle sur un horizon de moyen terme renforcerait la gestion budgétaire et offrirait la possibilité de réfléchir aux conséquences des tendances en cours, d’identifier les opportunités, les risques et les ruptures et d’ajuster les choix en fonction de ce qui advient dans les faits. Dans le cadre de ce nouveau modèle de gouvernance, l’IRES met l’accent sur la consolidation des fondements d’une administration citoyenne moderne. Pour cela, il est primordial d’accélérer la digitalisation de l’administration et assurer une interopérabilité globale entre les systèmes d’information publics nationaux, afin de réduire la bureaucratie, de combattre la corruption, de simplifier et moderniser les procédures administratives, de rendre les démarches plus intuitives pour les citoyens et, par conséquent, d’améliorer la réactivité et l’efficacité des services publics. Par ailleurs, l’une des conditions préalables à la transition vers une gouvernance anticipative et adaptative réside dans la préparation de l’émergence d’une nouvelle génération éduquée au futur, imprégnée des constantes de la Nation et des valeurs marocaines d’ouverture, de solidarité, de cohésion,… et capable de relever les défis du monde de demain.