Société

Lutte contre la corruption: Le chaud et le froid du Conseil de l’Europe

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Les membres de la délégation du Conseil de l’Europe qui présentaient mercredi au public leur diagnostic du cadre anti-corruption marocain se sont dépensés sans compter pour tenter de tempérer l’effet de leur rapport et essayer de rafistoler une image du dispositif national de lutte contre la malgouvernance sérieusement racornie par leurs conclusions.

Surpris par les commentaires particulièrement critiques de la presse qui avait pris prétexte du nombre et de la virulence de leurs recommandations pour affirmer que le système mis en place jusqu’ici par le Royaume patine, les experts européens ont déclaré qu’au contraire de ce qui a été dit dans les journaux, le Maroc progresse, et que leur rapport n’est pas plus négatif que ceux qui ont été dédiés aux situations de pays comme la Roumanie ou la Belgique, deux pays dont l’un est jugé en transition tandis que le second est perçu comme foncièrement «européen».

Le cadre législatif est globalement bon, ont-ils affirmé, même s’il y a des améliorations à y apporter.
Conscients de ce que leurs recommandations ont été interprétées comme une sorte de désaveu, ils ont donc invité les autorités marocaines à les considérer non pas comme «un rappel à l’ordre», mais au contraire comme une invitation à aller de l’avant. C’est ainsi qu’ils ont conseillé aux experts marocains de se départir de toute attitude passive ou fataliste vis-à-vis de la corruption, de ne plus la considérer comme «un fléau, mais comme un défi à relever».

Mais, si ces paroles ont apporté du baume au cœur du président de l’ICPC et de ses assistants – qui semblaient affectés par les commentaires de la presse-, il n’en demeure  pas moins que les écrits restent. Et de fait, dès les premières lignes du document rédigé par la commission sur «la promotion de la bonne gouvernance, lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent», on lit que la corruption ne désempare pas au Maroc en dépit des mesures prises sur les plans législatif et institutionnel. Et encore : «Si l’ampleur du phénomène de la corruption est difficile à évaluer en raison notamment du manque de données statistiques fiables et cohérentes, il s’avère cependant que l’opinion publique a le sentiment que c’est un phénomène inquiétant».

Si inquiétant, selon les experts européens, qu’il donne l’impression d’une réelle menace sur la vie institutionnelle et le développement économique, politique et social. Le rapport ajoute que cette menace est d’autant plus grave que le Maroc n’a pas de stratégie globale de lutte contre la corruption.

Les experts européens ont donc appelé à commencer par le commencement et à prémunir les servants de la machine de guerre anti-corruption de la tentation. Juges et agents de l’ordre sont donc désignés à être immunisés contre la prévarication, la concussion et les conflits d’intérêts. Les experts ont également invité à en faire de même à l’égard des parlementaires et des partis politiques par ailleurs coupables, à leur avis, d’avoir dédaigné leur invitation à prendre langue avec eux.

Comme pour atténuer l’impression qui se dégage de l’ensemble de ces remarques, les experts européens prédisent au système anti-corruption marocain des lendemains relativement reluisants. Ils estiment que le   Maroc est capable de cette performance puisqu’il a satisfait aux obligations énoncées dans le cadre du 4ème cycle. «Il s’agit en fait de soixante-six mesures qui le rapprochent d’autant du peloton des pays européens».

Pour autant, l’affaire n’est pas gagnée. Loin de là. Le Maroc doit encore s’employer avec détermination à améliorer son système anti-corruption et à le configurer à l’image des canons et du modèle élaborés par le Greco, le groupe de la cinquantaine de pays qui ont déclaré la guerre à la corruption et qui se sont promis d’aider les autres nations à en faire de même.

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