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Lutte contre les préjugés et les stéréotypes sexistes dans les lycées : Ce que recommande l’ADFM pour une école de l’égalité

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L’ADFM et ses partenaires appellent l’ensemble de la société –institutions, société civile et familles– à s’unir pour édifier une école marocaine véritablement inclusive et équitable. 

étude : L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a présenté, mercredi 2 juillet, à Rabat les résultats d’une nouvelle étude focalisée sur les préjugés et stéréotypes sexistes dans les lycées. Plusieurs recommandations ont été émises afin de transformer durablement le système éducatif en agissant sur les causes structurelles et les effets visibles des inégalités de genre.

L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a présenté, mercredi 2 juillet, les conclusions de l’étude «Recueil des préjugés et des stéréotypes sexistes véhiculés dans les lycées». L’objectif principal de cette étude est de se focaliser sur les préjugés et stéréotypes sexistes qui servent à légitimer les inégalités fondées sur le genre au sein des lycées et qui ont des répercussions directes et/ou indirectes sur les perceptions et comportements des apprenant.e.s et sur leurs parcours scolaires et professionnels. Les résultats de cette étude révèlent une persistance de préjugés sur la «nature» physiologique des femmes, perçues comme physiquement plus faibles. Le corps des filles est également vu comme une « source de désordre » à contrôler, le harcèlement sexuel étant souvent imputé à leur tenue. Concernant les traits de personnalité, les femmes sont souvent associées à l’émotion et à l’empathie, tandis que les hommes le sont à l’affirmation et à la rationalité. Cette hiérarchisation influence fortement les choix d’orientation. Par ailleurs, l’enquête a montré l’émergence de nouvelles formes de sexisme, plus nuancées («sexisme latent» ou «bienveillant»), particulièrement chez les enseignant.e.s et le personnel administratif.

Ce discours intègre des éléments d’égalité pour légitimer des hiérarchies traditionnelles, les rendant plus difficiles à identifier. Malgré le principe de mixité, la non-mixité reste dominante dans les pratiques quotidiennes dans les lycées (positionnement en classe, activités sportives). D’autre part, l’enquête signale une propension au sexisme en milieu rural et périurbain. Ces milieux présentent une adhésion accrue aux clichés masculinistes et à une rhétorique antiféministe, une tendance intériorisée par les garçons et une proportion significative de filles. Cette situation est liée à la vulnérabilité socio-économique et à une exposition limitée aux idées progressistes. Cette étude révèle que les perceptions des enseignant.e.s sur l’égalité sont fortement influencées par leur discipline. Si la majorité promeut l’égalité des droits et des opportunités, les enseignant.e.s d’éducation islamique tendent à privilégier l’équité et la complémentarité religieuse. Cette divergence crée des tensions et des ambiguïtés chez les élèves. Il y a aussi lieu de noter une «transmission aveugle» des stéréotypes à travers les manuels scolaires. Les enseignant.e.s se limitent souvent au curriculum transcrit, ce qui perpétue des représentations sexistes (par exemple figures féminines analphabètes ou soumises dans les œuvres littéraires). Enfin, il est important de signaler qu’a traves cette enquête, les espaces numériques sont identifiés comme des vecteurs majeurs de diffusion du sexisme, où les images, les influenceurs et les algorithmes peuvent amplifier les biais de genre.

Cette étude propose un ensemble de recommandations détaillées visant à transformer durablement le système éducatif en agissant sur les causes structurelles et les effets visibles des inégalités de genre. Ainsi, il est recommandé de renforcer l’égalité dans la législation éducative et de créer des mécanismes de suivi contraignants. Il est aussi question de soutenir et généraliser les campagnes de sensibilisation ciblées contre le sexisme et la violence ; de revoir les curriculums pour des représentations plus équitables et former les acteurs de la vie scolaire à l’approche genre ; de renforcer l’utilisation critique des espaces numériques scolaires par les élèves. L’étude recommande d’Introduire des mécanismes d’évaluation régulière sensibles au genre et encourager les bonnes pratiques au sein des lycées. Il est aussi primordial d’impliquer davantage les garçons dans les campagnes de sensibilisation et établir des collaborations stratégiques avec la société civile. Par le biais de la publication de ce recueil et des actions à venir, l’ADFM et ses partenaires appellent l’ensemble de la société – institutions, société civile et familles – à s’unir pour édifier une école marocaine véritablement inclusive et équitable, ainsi qu’une société plus juste et où l’égalité des genres ne soit plus une simple aspiration, mais une réalité quotidienne pour chacun et chacune.

Notons que la publication de ce recueil s’inscrit dans la continuité de l’engagement de la dynamique « Pour une école de l’égalité», pilotée par l’ADFM et ses partenaires. Parmi les actions notables déjà menées figurent : la présentation en décembre 2022 du mémorandum «Pour l’école de l’égalité entre les deux sexes» au ministre de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports; une étude analytique sur les stéréotypes et préjugés sexistes dans la vie scolaire publiée en février 2025 ; une campagne de sensibilisation et l’organisation d’ateliers interactifs contre les stéréotypes de genre dans des lycées et maisons de la culture à Rabat, Salé ; Kénitra et Casablanca en mai 2025.

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Un dispositif global pour l’égalité des sexes dans le système éducatif

Mesures  Malgré les avancées, l’ADFM signale que le système éducatif marocain souffre toujours de résistances, d’insuffisances et de lenteurs dans la mise en œuvre effective de l’égalité entre les sexes. Pour y remédier, il est nécessaire de concevoir un dispositif global, qui intègre tous les mesures et mécanismes pour promouvoir l’égalité des sexes. Ainsi, ce dispositif devrait capitaliser sur les acquis des réformes et les progrès des trois dernières décennies.

Il inclurait des mécanismes d’application, de suivi et d’évaluation, en y intégrant la subordination des allocations financières par l’atteinte des objectifs fixés en amont ; des mécanismes pour encourager le leadership féminin au sein des structures de décision éducatives. Il devrait aussi inclure des mécanismes de sélection des comités de pilotage qualifiés et engagés pour la promotion de l’égalité entre les sexes ainsi que des guides pratiques pour chaque acteur et professionnel de l’éducation, et des partenariats diversifiés et stratégiques.

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