Société

Madrid se débarrasse de ses subsahariens

Le Maroc et l’Espagne s’apprêtent à signer un accord de mise en application des dispositions contenues dans la convention signée entre les deux pays en 1992 sur l’immigration notamment la clause relative au rapatriement des immigrés clandestins vers le Maroc.
Selon des informations rapportées par la presse espagnole paraissant hier, le comité technique mixte issu des travaux de la rencontre entre les responsables des ministères de l’intérieur des deux pays tenue en février est parvenu à mettre en forme un avant-projet d’accord sur le rapatriement des immigrés clandestins de nationalités subsahariennes.
Rappelons que les réunions du groupe de travail maroco-espagnol chargé de l’immigration avaient eu lieu en février à Madrid et avaient été présidées du côté marocain par le wali directeur général des affaires intérieures au ministère de l’intérieur, Mohamed Dryef, et du côté espagnol, par le délégué du ministère espagnol de l’intérieur pour les Affaires des étrangers et de l’immigration, Jaime Ignacio Gonzalez. Et c’est lors de cette réunion qu’une commission composée d’experts marocains et espagnols avait été créée pour étudier le problème des Subsahariens.
Officiellement, le Maroc s’était engagé à accepter le rapatriement sur son territoire de ces immigrés depuis le 13 février 1992 lorsque l’ex-ministre de l’intérieur, Driss Basri, avait cosigné avec son homologue espagnol à l’époque le socialiste José Luis Corcuera.
L’accord qui, selon la presse espagnole, serait prochainement signé entre les deux gouvernements et dont les détails ont été fixés par le comité technique qui tient ses travaux dans la ville espagnole de Malaga, serait une actualisation dudit accord signé, il y a onze ans.
Les nouveautés apportées par cette nouvelle version seraient la spécification du nombre des Subsahariens qui seront rapatriés vers le Maroc et qui soit aux alentours de 8000 immigrés africains par an. Selon une source proche des pourparlers de malaga, le nouveau protocole d’accord est plus flexible en ce qui concerne les conditions de réadmission des clandestins que l’accord de 92. Cela signifie que les autorités marocaines seront plus « souples » au moment de l’acceptation du retour sur le territoire marocain des immigrés clandestins subsahariens que l’Espagne refoulerait vers le Maroc. Un détail qui implique que l’on ne sera plus trop exigeant en matière de preuves qui démontrent qu’un Subsaharien ait effectué son départ vers l’Espagne à partir du territoire marocain. Car, l’accord de 1992 stipule que le Maroc accepterait le rapatriement uniquement de ceux qui partent des côtes marocaines. Or, un pourcentage assez important des immigrés africains proviennent d’autres régions. Des côtes mauritaniennes, par exemple.
La question qui se pose actuellement est de savoir si le Maroc a les moyens de recevoir 8000 Subsahariens chaque année et de se charger de les loger ne serait-ce que pendant leur procédure d’identification et de les rapatrier par la suite.
Tant le logement que le rapatriement de cette tranche d’immigrés clandestins constitue pour le gouvernement espagnol un grand problème et pour y faire face, Madrid alloue chaque année un budget colossal.
Au Maroc, tant les moyens techniques que budgétaires font défaut dans ce dossier et l’on se demande si le gouvernement peut respecter cet engagement qui se prépare à Malaga.
En matière d’infrastructures d’accueil, comment peut-on loger des milliers de clandestins alors que seules des dizaines que les services de sécurité arrêtent de temps en temps sur le territoire national créent un problème au moment de leur internement.
Côté identification, il n’y a pas plus difficile que d’identifier un Subsaharien qui refuse de révéler sa nationalité, et les autorités sécuritaires espagnoles en sont conscientes puisqu’elles en souffrent.
Sachant que le nouveau protocole d’accord se limite à l’acceptation du rapatriement, il est impératif pour le gouvernement marocain de prévoir au préalable de s’assurer le soutien technique et financier de l’Union Européenne avant de s’engager sans avoir les moyens de tenir ses engagements.

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