ALM : Quel premier bilan faites-vous du programme « Moukawalati » ?
Mustapha Mansouri : il faut dire que le premier bilan est largement positif. Nous avons déjà reçu, au niveau des guichets « Moukawalati », plus de 5000 projets de création de TPE (très petites entreprises). Nous avons également fait des tournées à travers les différentes provinces du Royaume, pour promouvoir ce programme. Et nous avons remarqué que les jeunes ont largement adhéré à cette initiative. Tout ce qu’il nous reste à faire actuellement, c’est d’effectuer certains réglages au niveau des procédures pour la sélection des projets ainsi que pour surmonter une certaine lourdeur de financement. Nous souhaitons en effet passer à la vitesse supérieure.
Le programme «Moukawalati» souffre-t-il de problèmes au niveau du financement ?
Nous n’avons pas de problèmes de financement. En fait, c’est uniquement un problème de délais. Il faudrait qu’on accorde nos violons avec les banques, avec les CRI (centres régionaux d’investissement) et avec les autres organismes qui nous accompagnent dans ce programme pour dépasser les lourdeurs dans le financement des projets de création d’entreprise. Nous allons d’ailleurs nous réunir très prochainement avec le Premier ministre, Driss Jettou, pour faire le point sur la situation et pour permettre une accélération du processus. Nous souhaitons, en effet, passer à la vitesse supérieure.
Quels sont les délais actuellement imposés aux banques pour accepter ou refuser le financement à un porteur de projet de création de TPE ?
Normalement, nous avons fixé aux banques un délai de 21 jours pour qu’elles donnent leur réponse définitive aux créateurs d’entreprise. Mais il faut préciser qu’il n’y a pas que la question du délai qui se pose en matière de lourdeurs, il y a aussi le problème de l’étude de dossier et de la méthodologie adoptée par les comités de sélection. Les jeunes porteurs de projets ont un grand besoin d’un accompagnement au préalable, notamment dans l’élaboration de leur projet de TPE.
Peut-on avoir une idée des secteurs prioritaires en matière d’octroi des financements ?
Jusqu’à présent, nous n’avons pas de statistiques des projets déposés par secteur. Ce que nous savons, c’est qu’il y a eu plus de 5000 projets déposés depuis le lancement du programme « Moukawalati », il y a moins de trois mois. Il y a ainsi un engouement sans précédent des jeunes pour le programme. Les porteurs de projets retenus vont bénéficier d’un accompagnement jusqu’à la constitution définitive de leurs entreprises. Ces étapes sont concrétisées au niveau des différents guichets.
Le premier bilan est donc satisfaisant ?
Absolument. Il faut dire qu’au départ, on se disait que les jeunes n’avaient pas la volonté de monter leurs propres petites entreprises. Mais finalement, nous nous sommes rendu compte qu’il y a un véritable changement qui est en train de s’opérer dans l’attitude des jeunes qui souhaitent de plus en plus monter leur affaire personnelle et s’aventurer dans le monde de la création d’entreprises au lieu d’espérer un emploi dans l’administration publique. L’idée de fonctionnariat absolu est à coup sûr en train de reculer. Ainsi, en plus de l’ampleur prise par le programme «Moukawalati», l’acquis psychologique et moral est tout aussi important.