Entretien avec Marie-Hélène Jobin, directrice des relations et des partenariats internationaux et professeure titulaire à HEC Montréal[box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]
HEC Montréal, première école de gestion au Canada, fête son 115ème anniversaire. Une célébration qui coïncide avec les soixante ans des relations maroco-canadiennes. L’occasion de rencontrer Mme Jobin pour mieux apprendre sur l’offre de formation de ce hub de savoir canadien dont un grand nombre de Marocains sont lauréats. La responsable et pédagogue, qui donne des chiffres à propos du nombre d’étudiants marocains qui reçoivent leur formation dans cet établissement étranger, livre ses regards sur l’offre de celui-ci au Maroc.
[/box] ALM : Cette année, le Royaume célèbre ses 60 ans de relations avec votre pays. Quel en est votre ressenti en tant que directrice et professeure à HEC Montréal ?Marie-Hélène Jobin : C’est un moment privilégié pour moi. Je pense que c’est une relation qui a progressé de façon durable depuis maintenant plusieurs années. C’est le temps de célébrer les acquis que nous avons cultivés.
Puis, il y a beaucoup de liens forts avec les entreprises marocaines. HEC Montréal a fait plusieurs mandats de formation ou d’appui pour des entreprises et des groupes marocains.
Nous établissons aussi des relations avec les partenaires institutionnels. Nous sommes très heureux d’être ici et de pouvoir témoigner aussi de la vitalité du Maroc, un pays en plein essor. J’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes exceptionnelles cette semaine. Je suis particulièrement heureuse des relations de longue date que nous avons soignées et les nouvelles que nous avons tissées.
Lors de votre séjour au Maroc, vous avez rencontré des diplômés de votre école qui sont établis dans leur pays d’origine. Pourriez-vous nous dire quel est leur lien en commun ?
Ce sont vraiment des personnes d’exception : un réseau vibrant et engagé. Ces diplômés sont les fleurons d’HEC Montréal et rayonnent actuellement au Maroc.
Nous avons des diplômés partout dans le monde. Sur nos 106.000 diplômés, nous avons 16.000 qui sont d’origine autre que canadienne, soit environ 15%, dont 2.900 qui sont d’origine marocaine. Le Royaume est la deuxième provenance après la France. 38% de nos étudiants étrangers viennent d’Afrique. Nous accueillons 500 étudiants marocains par année. Plusieurs sont établis ici et ont fait de très belles carrières en logistique, finances, en affaires ou ont démarré leur entreprise. Nous en sommes vraiment fiers. Ce sont nos ambassadeurs et nos amis au Maroc. Nous croyons beaucoup en leur potentiel.
Lors de ma visite, j’ai aussi rencontré certains de nos diplômés auxquels j’ai personnellement enseigné. C’est émouvant !
Le système canadien suscite de l’engouement chez les jeunes étudiants marocains. N’est-il pas peut-être temps pour vous de créer un établissement comme le vôtre au Maroc ?
Vraiment, ce n’est pas dans les cartons. Par contre l’idée de partenariat avec des institutions en place, nous y croyons. J’arrive ici avec mes codes internationaux, imprégnée de mes perceptions d’Amérique du Nord. Pour toucher le cœur des étudiants marocains ou des gestionnaires que nous formons, nous devons contextualiser l’enseignement et les programmes que nous donnons aux organisations.
Pour HEC Montréal, les partenaires sont essentiels dans cette contextualisation. C’est aussi une façon de rendre des formations nord-américaines ou occidentales abordables. Si nous arrivons aussi avec toute notre logistique et tous nos professeurs, la facture risque d’être élevée. Ce n’est pas la façon la plus judicieuse d’investir en formation. Nous mettons l’argent là où cela compte et où il y a une compétence distinctive : des contenus de qualité et une formation adaptée aux besoins.
Alors comment faites-vous pour absorber la forte demande de la clientèle marocaine ?
D’abord, je vais donner des exemples concrets. Nous avons un partenariat très solide avec l’UIR (Université internationale de Rabat) avec laquelle nous avons développé un parcours international de deuxième cycle qui combine un diplôme d’études supérieures (DES) en gestion de HEC Montréal, spécialisé en logistique ou en ressources humaines, au master de l’UIR. Ce double diplôme, qui débute au Maroc et se complète à Montréal, donne aussi accès à un permis de travail par la suite au Canada. Je pense que cela a beaucoup d’intérêt pour l’insertion à l’emploi.
Il y a aussi des possibilités d’échanges que nous sommes en train de discuter avec eux, de même qu’un parcours international au premier cycle.
Avec l’IUR, nous avons également plusieurs projets de formation Executive en cours de discussion. Notre programme d’essentiel d’un MBA pour les cadres de la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) est un beau succès d’équipe et nous souhaitons poursuivre notre collaboration dans l’avenir en matière de formation qualifiante.
Le choix s’est porté sur l’UIR, car elle est polyvalente et couvre pratiquement les mêmes domaines que nous. Elle a aussi une belle offre de formation qualifiante.
Qu’en est-il de votre regard sur l’offre éducative au Maroc ?
C’est un marché en forte évolution. Il y a une demande importante qui va en croissance avec une population qui est jeune et a des besoins en formation. Il y a aussi des défis immenses. Si nous regardons la transformation numérique des organisations ou les changements climatiques, les entreprises ont des besoins très importants de mise à niveau. Les jeunes en formation initiale peuvent y répondre, mais nous devons aussi penser à la formation des cadres et la mise à niveau des professionnels à différents niveaux dans les entreprises. Dans ce sens, nous sommes heureux de venir donner un appui au Maroc.
Un dernier mot ?
Le souhait de HEC Montréal c’est d’être présente dans la vie universitaire du Maroc, son tissu économique et dans l’essor de la jeunesse, que ce soit en recrutement initial ou pour des formations en appui avec des partenaires. D’ailleurs, nous souhaitons un appui stratégique en formation qualifiante ou d’entreprise.
HEC Montréal est une grande école de calibre international. Nous avons 15.000 étudiants qui fréquentent HEC Montréal où enseignent 314 professeurs. Notre organisation se démarque par la qualité de ses programmes et de sa recherche. Elle figure parmi les meilleures institutions au monde dans les classements. Nous sommes fiers de mettre de l’avant notre triple accréditation (AMBA, AACSB, EQUIS).