Société

Maroc-Espagne : De l’hostilité espagnole

© D.R

L’information a été déclamée de façon anodine la veille de Noël. Elle est sûrement passée inaperçue tellement elle était brute, signe qu’on ne lui accordait pas plus d’importance qu’une simple information dont le mérite est de meubler les journaux en ces temps de disette. Aux termes de cette information, on apprend donc que Bab Sebta a connu à cette date un engorgement de véhicules et qu’une file de voitures atteignant le kilomètre s’allongeait du côté de Sebta. L’information telle quelle peut être soumise à différentes spéculations. Et faute de détails, on est forcé à des supputations. S’agissait-il de Marocains résidents à l’étranger venus passer la fin d’année en famille? Serait-ce l’effet du déchaînement de la mer qui a perturbé le trafic dans le détroit ? Cela concernait-il des Sebtaouis désirant se rendre dans la métropole ? Ou bien n’est-ce, comme c’est le plus probable, qu’un peu de tout cela à la fois ?
N’empêche ! Quelles que soient les causes véritables de ce phénomène, personne ne peut nier par contre qu’il était improbable il y a une dizaine d’années. C’était plutôt l’inverse qui se produisait et dans le sens contraire que les flux s’engorgeaient. L’occasion de soulever cette question est certainement fournie par l’étrange et inopinée montée en puissance de l’hostilité des Espagnols à l’égard du Maroc. Ces derniers temps, on ne compte plus les évènements où l’Espagne s’affiche comme un adversaire susceptible à notre égard. L’étrange dans l’affaire relève de cette communion des Espagnols toutes tendances confondues à délivrer leur venin face au Maroc. La susceptibilité de l’Espagne vis-à-vis du Maroc n’est pas récente. Depuis une dizaine d’années, elle est devenue véhémente. Depuis quelques temps, elle devient virulente et récurrente. Elle trouve ses origines dans les méandres d’une histoire commune que les Ibériques tentent de gommer de leurs manuels sans parvenir à l’extirper de leur mémoire. Toutefois, l’irritabilité espagnole s’est sûrement exacerbée par la dynamique monstrueuse imprimée à la zone nord du Royaume. En dix ans de temps, le profil et le statut se sont radicalement transformés alors que le sentiment de rivalité a changé de camp. Devenue un centre économique d’importance, grâce à l’urbanisation soutenue, à l’institution de la zone franche de Tanger et à l’érection du port Tanger Med, en attendant celui de Nador, la zone Nord doit être vue de l’autre côté de la mer comme un virus qui leur donne de la fièvre et dont ils n’ont pas le traitement. Et quand on a la tête fébrile, il y a de fortes chances qu’on commence à divaguer. C’est un peu se qui se passe. A la limite, on leur trouverait des excuses et on leur nourrirait de la compassion quand on ne trouve aucune justification à notre propre attitude. L’exceptionnelle transformation de la zone Nord du pays est sans conteste une œuvre du régime. Menée avec volonté, intelligence et doigté, elle a pu s’accomplir sans coup férir et même atteindre des niveaux d’excellence inaccoutumée en des temps de médiocrité gouvernementale. Cette bataille tactique, le Maroc l’a gagnée de haut vol. Jamais le mot «enclave» n’a été aussi opportun pour désigner Sebta et Mellilia. De ce point de vue, la réaction de victimisation ressentie ne s’adapte pas à la réalité intransigeante des faits. C’est de la fierté et de la solidité qu’il aurait fallu et qu’il faudrait afficher en la circonstance.  Pour cela, il aurait fallu que la Nation s’approprie le projet pour s’en imprégner avant de le faire sienne. Mais, où sont les instruments susceptibles de réaliser une telle œuvre ? C’est le point faible de notre système d’organisation politique !  Il est de coutume de considérer que quand un adversaire réagit émotionnellement et donc, irrationnellement, c’est qu’il est en position de faiblesse. Cela signifie de prime abord que le Maroc est  sur la bonne voie. Ce qui signifie également que, sur cet aspect du moins,  le rapport de forces est en train de changer de direction. Cela doit nous réconforter et nous conforter. Tout en restant, bien évidemment, persévérants, patients et sages. Pour consolider et raffermir continuellement la démarche et ne pas prêter le flanc aux attaques. En attendant la maturité des choses qui, tôt ou tard, interviendra.

  (*) Enseignant universitaire
 
    Chakib Bensouda

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