Le Maroc a enregistré au cours du mois de novembre 2002 des précipitations exceptionnelles qui ont provoqué des dégâts importants. Le Parti de l’Environnement et du Développement (PED) a constitué une commission regroupant son secrétaire général, les membres du bureau exécutif et les représentants locaux des zones sinistrées. Cette commission s’est déplacée sur les lieux et a pris contact avec la population sinistrée. Interpellé par ces évènements, le PED souhaiterait apporter, par cet article, sa contribution en mettant l’accent sur les aspects les plus importants et particulièrement sur les remèdes à apporter pour éviter que de pareilles catastrophes ne se reproduisent ou du moins n’engendrent des dégâts aussi importants.
Les inondations de novembre 2002 constituent donc une alerte dont on doit tirer les enseignements pour l’avenir. Elles ont été particulièrement dévastatrices par les pertes humaines engendrées.
Ces inondations ont aussi révélé que le Maroc est mal préparé pour faire face aux situations d’urgence. Sans nous attarder sur les responsabilités ou les négligences à l’origine de l’ampleur des dégâts, on a enregistré avec inquiétude le manque de moyens et l’inefficacité des secours.
À la suite de cette catastrophe, S.M. le Roi Mohammed VI a chargé une cellule de crise, présidée par le ministre de l’intérieur, de veiller au soutien des familles touchées par les inondations. On note aussi l’intervention du ministère de l’Intérieur, de la Fondation Mohammed V et du Croissant Rouge Marocain. Nous saluons les gestes de solidarité de la part des Etats-Unis, de la Belgique, de la France et de l’Algérie. Malheureusement, l’intervention des autorités et les aides octroyées ont été ternies selon les nombreux témoignages recueillis, par des actes individuels de personnes qui ont profité de la situation en rackettant la population touchée.
Le Maroc doit se doter de plans d’intervention pour les cas d’urgence en sachant que ces programmes coûteux, s’ils sont nécessaires, ne sont pas suffisants. En effet la meilleure lutte contre les catastrophes naturelles est une lutte préventive et intégrée qui doit être planifiée dans le cadre d’une politique globale de l’Aménagement du Territoire. Pour le cas des inondations qui nous préoccupe aujourd’hui, la lutte doit commencer par le reboisement et l’aménagement foncier des bassins versants des fleuves afin de ralentir la force d’écoulement des eaux et de favoriser leur infiltration dans le sol. Elle doit se poursuivre par la construction de barrages pour réduire les quantités d’eau qui alimentent les lits des fleuves dans la partie aval, laquelle partie doit être dégagée de toute construction ou ouvrage de nature à empêcher l’écoulement des eaux dans leurs zones d’épandage naturelles. Ces actions doivent être enfin complétées par la construction ou la réhabilitation des infrastructures de base : réseaux de drainage des eaux d’irrigation dans les exploitations agricoles et réseaux d’assainissement dans les agglomérations urbaines. Pour se faire une idée de l’ampleur de nos lacunes dans ce domaine, on rappellera les données suivantes :
– La superficie des bassins versant à protéger est de 20 millions d’ha sur lesquelles 5 millions présentent des risques d’érosion importants, les aménagements n’ont porté jusqu’à présent que sur 350 000 ha, soit moins de 2% du total. Le programme prévu pour les 20 prochaines années ne concerne que 1,5 millions d’ha, soit sur moins du tiers des superficies à risque. Il est donc nécessaire de revoir ce programme et de l’intensifier.
– Pour les grands barrages, la réalisation a porté sur une centaine d’unités et 70 sont programmées pour les 20 prochaines années. L’effort est important mais l’urgence incite à l’accélération du rythme des constructions envisagées. Cependant, on doit noter que tous les barrages sont touchés par l’envasement, résultat de l’érosion dans les bassins versants. Si le taux moyen d’envasement est estimé officiellement à 8%, certains barrages voient leur volume presque entièrement occupé par la vase. 12 parmi les 25 plus grands barrages du Maroc sont envasées à plus de 20% de leur capacité et 6 à plus de 40%. Celui de l’Oued El Malleh situé à l’amont de la ville de Mohammedia est envasé à plus de 50%. Il est donc nécessaire de mener des actions de dragage dans ces barrages.
– Les réseaux d’assainissement et de collecte des eaux usées et des eaux pluviales dont la plupart des moyennes et grandes villes disposent, sont souvent vétustes et ne couvrent pas tous les quartiers ( on peut citer à titre d’illustration une bonne partie du quartier du Souissi à Rabat flu la ville de Berrechid ).
Ces données montrent que c’est dans le cadre de l’Aménagement du Territoire et de la prévention que le gouvernement doit investir pour lutter contre les inondations, réduire leurs effets dévastateurs et assurer le développement économique et social du pays.
Notre pays ne peut plus se permettre de perte de temps, il faut s’engager fermement dans la politique d’Aménagement du Territoire, protéger notre environnement, valoriser durablement nos ressources naturelles et mettre les populations à l’abri des catastrophes naturelles. Pour cette action d’intérêt général, les pouvoirs publics doivent créer les conditions favorables pour mobiliser l’ensemble des acteurs concernés. Le Parti de l’Environnement et du Développement se déclare prêt à y apporter sa contribution.