Le ministère de la santé compte inverser la tendance
La part des médicaments génériques prescrits aux patients est d’à peine 40%. Pourtant, les statistiques officielles montrent que 70% des médicaments commercialisés sur le marché local sont des génériques.
Le combat est-il perdu d’avance pour les génériques face aux princeps ? Plus d’une décennie après le démarrage de leur commercialisation sur le marché national, les médicaments génériques ont toujours du mal à s’imposer en dépit de leur efficacité et leur quasi-ressemblance avec leurs aînés, les princeps. Les chiffres sont édifiants. Dans le marché de la santé du privé, la part des médicaments génériques prescrits aux patients est d’à peine 40%. Pourtant, les statistiques officielles montrent que 70% des médicaments commercialisés sur le marché local sont des génériques (3.610 médicaments génériques et biosimilaires sur un nombre total de 5.303). Selon le ministère de la santé, il faut faire la distinction entre deux situations. Il y a tout d’abord le secteur privé où le taux de pénétration des génériques n’était que de 29% en 2010 pour se situer actuellement autour de 40% du marché mais il y a également le secteur de la santé publique où les génériques sont largement majoritaires. «Dans les marchés publics, les médicaments génériques représentent 90% du total des commandes acquises par les hôpitaux», précise la même source soulignant par la même occasion que les commandes publiques se font à travers des appels d’offres où les moins-disants remportent automatiquement le marché. Les génériques qui sont de facto moins chers que les princeps profitent heureusement de cette situation dans les marchés publics même si leur efficacité, faut-il le rappeler, est similaire aux princeps.
Raisons
Cette situation s’explique selon le ministère de la santé par l’absence d’une réelle concurrence sur le marché. «Même si les génériques sont moins chers, les princeps sont les plus prescrits dans le secteur privé puisque le médecin traitant préfère prescrire un médicament sur la base de la réputation de ce dernier sur le marché. Une réputation qui se base notamment sur l’efficacité du médicament en question, la durée de sa présence sur le marché ainsi que la force de la publicité puisqu’une partie des bénéfices des médicaments onéreux est utilisée en partie dans la publicité et le marketing», a expliqué la même source. Pour inverser cette tendance, plusieurs pistes sont à l’étude. Pour la tutelle, il est impossible d’imposer aux médecins de retenir en tête les noms de tous les médicaments et la différence de leurs prix mais il est possible par contre de proposer aux praticiens de prescrire les noms des produits tels que reconnus mondialement, puis permettre aux pharmaciens de proposer au patient le moins cher. Par ailleurs, le ministère de la santé vient de charger l’Agence nationale de l’assurance maladie d’élaborer un plan global pour encourager l’utilisation des génériques au Maroc en raison du rôle important de ces produits dans la réussite de la politique pharmaceutique nationale. Reste à savoir si ces mesures vont permettre dans les prochaines années d’inverser la tendance. Une chose est sûre en tout cas. Une forte demande est attendue dans le futur en raison de la politique de généralisation de la couverture médicale.
Nomenclature nationale
Le ministère de la santé avait procédé à une mise à jour de la liste nationale des médicaments et des dispositifs médicaux, élaborée en 2017, appelée «Nomenclature nationale». Cette révision a été faite sur la base des besoins formulés par les différents établissements de soins, tout en tenant compte de la disponibilité sur le marché national des produits pharmaceutiques. Aussi, une large concertation avec les différentes structures centrales a permis d’intégrer les nouveaux produits pharmaceutiques gérés dans le cadre des programmes de santé spécifiques, ainsi que ceux pouvant faire l’objet d’achat local par les services déconcentrés. Cette mise à jour devait accompagner à l’époque la généralisation du Ramed et afin de garantir l’accès de la population aux médicaments essentiels au niveau des établissements de soins. Avec le chantier de la généralisation de la couverture médicale aujourd’hui, d’autres mesures ne sont pas écartées.
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Le ministère de la santé et de la protection sociale va actualiser la liste nationale des médicaments essentiels en pédiatrie. Selon la directrice du Médicament et de la Pharmacie (DMP), Pr. Bouchra Meddah, le ministère a élaboré un plan de travail, avec le comité scientifique et l’ensemble des pédiatres des secteurs public et privé, afin de mettre à jour cette liste nationale qui est devenue aujourd’hui obsolète. Mme Meddah a ainsi appelé à revoir la liste des médicaments essentiels en pédiatrie actuellement disponible dont l’élaboration remonte à 2012. Elle a précisé que cette liste nationale se basera sur la liste des médicaments essentiels publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2021, indiquant que lors de l’élaboration de la politique pharmaceutique nationale (PPN) 2021-2025, le département de tutelle a intégré la notion de médicaments essentiels pour adultes et ceux pour enfants.
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