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Milieu du cinéma au Maroc : Lumière sur les violences basées sur le genre

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Selon les résultats d’une étude menée par l’Association des rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l’Homme (ARMCDH), différentes formes de violences à l’égard des femmes font partie du quotidien des professionnelles du secteur cinématographique au Maroc, indiquant qu’environ 80% des témoignages déclarent avoir vécu ou été témoins de violences durant leurs carrières professionnelles. Les détails!

L’Association des rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l’Homme (ARMCDH) a présenté son étude sur les violences basées sur le genre (VBG) dans le secteur du cinéma au Maroc. Dans les détails, l’étude a nécessité une démarche de recherche à la fois qualitative et quantitative. «Une autre difficulté majeure a résidé dans la disponibilité limitée des professionnelles, en raison des exigences de leur travail dans un secteur aussi dynamique que celui du cinéma. Malgré cela, 15 entretiens semi-structurés ont pu être menés auprès de professionnelles du secteur du cinéma au Maroc, à savoir 13 femmes et 2 hommes relevant de la réalisation, production, prise d’image, maquillage, prise de son et le métier d’actrice», explique l’ARMCDH.

Absence d’un cadre juridique adéquat
L’étude ressort que le secteur du cinéma, comme d’autres secteurs, ne dispose pas d’un cadre juridique exclusivement dédié à la lutte contre les violences à l’égard des femmes. Il s’agit en effet du cadre juridique intégré dans les textes généraux sur les droits des femmes et sur les conditions de travail. «La lutte contre les violences à l’égard des femmes spécifiquement sur les lieux de travail n’est pas explicitement couverte par un cadre juridique. Les principales législations et dispositifs qui couvrent la lutte contre les violences à l’égard des femmes professionnelles dans le secteur du cinéma au Maroc sont la loi n° 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, le Code du travail, le Code pénal et la Déclaration de Marrakech 2020 ainsi que son protocole», lit-on dans l’étude.

La violence psychologique, la plus fréquente
Les violences à l’égard des femmes professionnelles dans le secteur du cinéma ne sont pas un phénomène nouveau : le monde du cinéma est un espace de travail collectif, mixte, hiérarchisé, et surtout orchestré et encadré par des hommes. «C’est un monde où se joue une relation de pouvoir exercé par des hommes sur des femmes, un pouvoir qui pourrait être professionnel tiré d’une relation hiérarchique du travail, mais surtout renforcé par les rapports sociaux de sexe, hiérarchisés, et construits par les normes et les valeurs sociales», lit- dans l’étude. Selon la même source, les violences psychologiques sont les plus fréquentes dans le milieu. «Elles ont été citées 10 fois en tant que principale forme de violence dans le secteur du cinéma au Maroc, suivies des violences économiques, puis des violences sexuelles». L’étude montre que les formes de violence économique arrivent en deuxième position. «Elles correspondent à des pratiques courantes des chef.fe.s hiérarchiques qui ont tendance à manquer de transparence sur les missions, à proposer des contrats qui servent principalement leurs intérêts et à profiter de la vulnérabilité des techniciennes et des chargées de production, lesquelles manifestent moins de résistance au départ».

Les actrices, objet de chantage sexuel
Selon l’étude sur les violences sexuelles, ce sont plutôt les actrices, qui les ont identifiées comme principale forme de violence. «Les actrices, notamment les plus jeunes, sont souvent l’objet de chantage sexuel, de remarques à caractère sexuel ou d’attouchements sexuels et il convient d’être vigilant à la prévalence des violences sexuelles, lesquelles se manifestent trop souvent dans le silence total des victimes. Si elles ne sont pas citées en premier, sans doute est-ce parce que les victimes ont tendance à les intérioriser et à manquer de courage pour les dénoncer».
En tout, l’étude montre que les mécanismes déclencheurs des violences basées sur le genre relevant d’une logique de prédation et centrés sur la vulnérabilité des victimes. «La perception qu’ont les techniciennes des mécanismes qui déclenchent les violences basées sur le genre renvoie à un cycle de violences vicieux animé par une logique de prédation qui passe d’une forme de violence à une autre, et ce, à la faveur d’une relation d’autorité, d’un cadre juridique insuffisant et de la vulnérabilité des potentielles victimes». Les mécanismes de formation des violences centrés sur la victime sont décrits principalement par les actrices. Selon leurs déclarations, «les violences sont souvent déclenchées quand les potentielles victimes dévoilent leur vulnérabilité (psychologique, économique et/ou technique), a fortiori quand elles ne sont pas sensibilisées sur les manières de se prémunir de ces risques de violences au tout début de leur carrière».

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