Mise à jour des protocoles thérapeutiques nationaux : La Santé s’attaque à la prise en charge des seniors vivant avec le VIH

Le nombre des personnes de plus de 60 ans vivant avec le VIH est en augmentation. 

Gériatrie : Le ministère de la santé et de la protection sociale accélère la riposte contre le VIH/sida. Il prépare une étude sur la prise en charge des seniors vivant avec le VIH et procèdera à une mise à jour des protocoles thérapeutiques nationaux. Un nouveau guide sera élaboré afin d’assurer une prise en charge efficace, de qualité, non discriminante de l’infection à VIH. Les détails.

Le ministère de la santé et de la protection sociale va mener prochainement une étude sur la prise en charge des seniors vivant avec le VIH. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’état de santé et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) de troisième âge au Maroc afin d’identifier les besoins spécifiques, les lacunes existantes et les opportunités d’amélioration. Dans le cadre de cette étude, le consultant devra analyser l’évolution démographique et épidémiologique des personnes âgées vivant avec le VIH, évaluer les comorbidités les plus fréquentes et examiner les pratiques actuelles de prise en charge médicale, pharmaceutique et psychosociale. Il s’agira également d’évaluer la couverture des services de soutien communautaire et d’appui psychosocial. Des recommandations stratégiques seront proposées pour améliorer l’intégration de la gériatrie dans la réponse au VIH. Selon les données du Programme national de lutte contre le sida (PNLS), le nombre des personnes de plus de 60 ans vivant avec le VIH est en augmentation depuis la mise en place de l’approche «tester-traiter» et la mise à disponibilité des ARV les plus sécuritaires et efficaces contribuant ainsi à la réduction des décès liés au sida. Compte tenu de l’évolution des ARV et leur efficacité, les personnes vivant avec le VIH dont la charge virale est négative ont une espérance de vie similaire à celle de la population générale. La morbi-mortalité diminue ainsi au fil du temps et la population des PVVIH qui vieillit avec l’infection nécessite la prise en compte de nouveaux besoins médicaux et sociaux en lien avec le 3ème âge d’autant plus que les comorbidités associées à l’âge et la polymédication des personnes âgées risquent d’interférer avec la prise en charge du VIH. Le ministère fait remarquer que la question de la qualité de vie des PVVIH du troisième âge, les besoins éventuels à prendre en compte et la situation de leur prise en charge méritent d’être explorés comme prévu dans le cadre du PSNI 2024-2030 en vue de réajuster les interventions de soins destinées à ce groupe de population.

De nouvelles molécules antivirales pour le traitement des infections

Le ministère de la santé, avec l’appui du Fonds mondial, va procéder à une mise à jour des protocoles thérapeutiques nationaux en matière de prise en charge de l’infection à VIH. Il s’agit ainsi de réviser les directives nationales en matière de traitement ARV pour les personnes vivant avec le VIH adultes et enfants, de définir les indications des nouvelles molécules thérapeutiques et les modalités de changement des protocoles thérapeutiques. Il est aussi question de définir les protocoles de prévention et de traitement des principales infections. Dans l’attente des anti-rétroviraux (ARV) injectables, le ministère a mis en 2025 à la disposition des centres référents de nouvelles molécules ARV tels le Ténofovir Alafénamide et le Dolutégravir 10mg ainsi que de nouvelles molécules antivirales pour le traitement des infections opportunistes tel le Valganciclovir. De ce fait, une révision des directives nationales en matière de prévention et traitement ARV et des infections opportunistes s’impose compte tenu de ces actualités thérapeutiques. Il faut rappeler que depuis la mise en place de l’approche «tester et traiter» au Maroc en 2015, le programme national de lutte contre le sida a toujours veillé à la mise à jour des protocoles thérapeutiques et leur mise à disponibilité pour les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en suivant les recommandations du comité national technique de prise en charge du VIH. Rappelons qu’à fin 2023, un total de 16.979 personnes vivant avec le VIH étaient suivies sous traitement ARV au niveau des centres référents de prise en charge, soit une augmentation de 6% par rapport à l’année 2022. Parmi les personnes vivant avec le VIH sous traitement ARV à fin 2023, 96% sont des adultes dont 50% des hommes et 46% des femmes. Les enfants de moins de 15 ans représentent 4%. Près des deux tiers sont pris en charge dans 3 villes : Agadir (28%), Casablanca (23%) et Marrakech (13%). Le taux de couverture par le traitement ARV des PVVIH, estimés est de 74% à fin 2023. Ce taux est nettement plus élevé chez les femmes (80%) que chez les hommes (68%). Chez les enfants de moins de 15 ans, le taux est de 85%. La connaissance du statut sérologique parmi les PVVIH est de 78%.

Actualisation du guide du programme national de lutte contre le sida

Le guide du programme de lutte contre le VIH/sida destiné aux professionnels de la santé va être mis à jour. L’objectif est d’améliorer les connaissances des professionnels de santé liées aux directives et à l’organisation du programme national de lutte contre VIH/sida. Il est important de signaler que malgré le large éventail de référentiels thématiques existants du PNLS, destinés aux professionnels de santé et aux acteurs engagés dans la lutte contre le VIH/sida, un guide spécifique du Programme national de lutte contre le sida reste essentiel. Ce guide permettra ainsi de standardiser d’une manière pratique les interventions du programme et d’assurer une prise en charge efficace, de qualité, non discriminante de l’infection à VIH. Une première version de ce guide a été élaborée en 2023, cependant des mises à jour récentes s’imposent. Bien que le Maroc reste un pays à faible prévalence (0,08% dans la population générale), un niveau d’épidémie concentré est observé dans les populations clés les plus exposées aux risques d’infection. On estime qu’à fin 2023 il y avait environ 23.000 personnes vivant avec le VIH, avec 970 nouvelles infections et 390 décès dus au sida. Le mode de transmission par voie sexuelle est prédominant avec une proportion supérieure à 95%. Selon les données du ministère de la santé, la tranche d’âge la plus touchée reste celle des 25 à 44 ans aussi bien pour les hommes que pour les femmes. La proportion la plus élevée des cas dépistés à un stade asymptomatique est parmi les 15 à 19 ans. La proportion des hommes notifiés au stade VIH est plus élevée par rapport aux femmes, surtout pour les tranches d’âge de 20 à 34 ans, ce qui serait en lien avec un dépistage plus précoce des jeunes adultes. La proportion des hommes notifiés au stade sida est également nettement supérieure à celle des femmes, surtout à partir de 25 ans, ce qui met en évidence un retard de diagnostic chez les hommes. Les cas notifiés sont essentiellement en milieu urbain (87% des PVVIH) avec une focalisation dans quatre régions qui regroupent à elles seules 76% des cas. La région de Casablanca-Settat concentre plus du tiers des notifications de VIH/sida (32% des cas). Viennent ensuite les régions de Marrakech-Safi (16%), Souss-Massa (15%) et Rabat-Salé-Kénitra (13%).