ALM: La Ligue marocaine de lutte contre la tuberculose organise actuellement des rencontres dans différentes villes du Royaume. Dans quel cadre s’inscrit cette initiative ?
Mohamed Boumediene : Ces différentes rencontres s’inscrivent dans le cadre d’un programme établi par la ligue et qui s’étend sur deux mois. Nous avons choisi cinq provinces, à savoir Témara, Tanger Al Houceïma, Kénitra et Tétouan. Ces régions présentent un taux d’incidence de la tuberculose supérieur à la normale c’est-à-dire qui dépasse 100 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Tenant compte de cette disparité, nous avons choisi de nous rendre dans ces régions afin d’entamer des campagnes de sensibilisation.
En quoi consiste votre démarche ?
Notre but est de corriger les fausses croyances des personnes concernant cette maladie. C’est une pathologie très fréquente chez les personnes à faible immunité.
Elle se transmet par voie aérienne et touche annuellement 26.000 nouveaux cas au Maroc. Cela confirme que la tuberculose continue à prendre de l’ampleur. La ligue œuvre, également, pour des soins. Les gens doivent absolument comprendre que cette maladie est curable à 100%. Elle est prise en charge gratuitement par le ministère de la Santé.
Quelles sont les mesures prises par le ministère de la santé ?
Dans le cadre de la lutte contre la tuberculose, depuis 1992, le ministère de la Santé prend en charge gratuitement les malades, et ce, de la prévention jusqu’au traitement. Cette gratuité ne concerne que le secteur public. La médecine libérale ne prend pas en charge cette mesure même si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) insiste dans ses rapports sur le partenariat public-privé. Les chiffres dévoilés depuis cette date indiquent que d’un total de 85% de cas diagnostiqués, 90% d’entre eux atteignent le succès thérapeutique. Malgré ces données, la lutte contre la tuberculose se fait en lente cadence soit de 1 à 2% par an.
Selon vous, qu’est-ce qui explique cette lente progression ?
La maladie connue en retard en est la principale cause. Cela favorise la contamination des autres personnes. Sans oublier l’abandon du traitement qui engendre des répercussions socio-économiques alarmantes. En dépit des efforts déployés par le ministère de la Santé relatifs à la prise en charge ainsi qu’à la mise en place de moyens techniques et managériales, il est nécessaire d’impliquer d’autres partenaires pour favoriser une intégration sociale des malades, les sensibiliser et les accompagner dans leur cure qui pourra s’étendre de 6 mois à 2 ans. Il faut souligner que nous sommes l’unique corps associatif à lutter contre la tuberculose depuis 1924. Par ailleurs, certains malades développent une résistance au traitement habituel. Malheureusement, les deux centres dont nous disposions respectivement à Casablanca et Rabat, pour effectuer les tests de sensibilité ne sont plus opérationnels. Ces facteurs entravent le succès de la lutte contre la tuberculose.