ALM : Quels sont les problèmes que pose le mécanisme de la liste nationale ?
Mohamed Darif : La liste nationale des femmes pose énormément de problèmes constitutionnels et politiques. Le premier problème a trait à la constitutionnalité. Rappelons qu’en 2002, le Conseil constitutionnel avait confirmé que la liste nationale des femmes était incompatible avec les dispositions de la Constitution. Toutefois, il y a eu consensus entre les partis pour réserver la liste de 30 sièges. Le même problème se pose aujourd’hui avec la nouvelle Constitution qui évoque, dans son article 19, la parité. La question qui se pose est celle de savoir si la parité pourrait se traduire par une liste nationale des femmes. On ne sait pas comment le Conseil constitutionnel va réagir par rapport à ce mécanisme. Le deuxième problème sa rapporte à l’objectif de cette liste.
Comment expliquez-vous cela ?
On doit se poser la question de savoir si on veut crédibiliser le rendement du Parlement ou si on cherche uniquement à représenter une catégorie sociale déterminée. Tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que le rendement du Parlement est faible. C’est pour cette raison qu’on a commencé à parler de la nécessité de la présence des cadres. Mais, on n’est pas aujourd’hui en face d’une liste nationale réservée aux cadres. Un autre problème est celui de l’âge. On n’a pas défini de manière claire qu’est-ce qu’un jeune. Les partis divergent sur ce point. Un autre problème est celui de la légitimité. Aussi, certains partis ont évoqué la «rente politique» étant donné que 90 parlementaires auront accès de manière presque indirecte au Parlement.
Les féministes refusent l’élargissement de la liste aux cadres et aux jeunes. Qu’en pensez-vous ?
Je pense qu’il faudra bien respecter les dispositions de la nouvelle Constitution. On ne sait pas encore si la parité pourrait se traduire à travers une liste nationale. D’ailleurs, cette liste prévue par le projet de loi organique devra profiter aux femmes. Car le projet prévoit un système de fermeture-éclair. Ainsi, chaque parti devra présenter 90 candidats, notamment 45 jeunes et 45 femmes. Au moins 45 femmes auront accès à la première Chambre au lieu de trente actuellement. Je pense qu’il est temps pour les partis de déployer des efforts pour promouvoir la représentativité des femmes et des jeunes.