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Mohamed Elghet Malainine : «La bataille contre le Polisario est désormais médiatique»

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ALM : Comment définir la diplomatie numérique?
Mohamed Elghet Malainine : A la différence des médias traditionnels, Internet permet toute une variété de communication universelle : un à un, un à plusieurs, plusieurs à plusieurs. Un internaute peut parler ou écouter de manière interchangeable : le spectateur auditeur, autrefois captif et passif, devient proactif. Enfin, une autre caractéristique essentielle d’Internet est d’ignorer les frontières géographiques, temporelles et culturelles. Toutes ces caractéristiques font d’Internet un sanctuaire échappant aux règles de la concurrence et du conflit, il représente, désormais, un nouveau champ de bataille où s’affrontent les intérêts économiques et commerciaux, politiques et idéologiques, étatiques et militaires. Avant Internet, par exemple, les diplomaties étrangères ont toujours été contraintes de s’adresser aux populations civiles étrangères par l’intermédiaire du pouvoir local ou par le filtre des médias plus ou moins contrôlé. Les messages ne sont pas toujours retransmis à la population, ou alors montés pour n’en proposer que des extraits. C’est donc une nouvelle ère de la diplomatie qui s’ouvre, l’ère de «la diplomatie numérique» ou encore la «e-diplomatie», plus proche des populations civiles, plus directe, mais aussi davantage exposée aux risques de propagande. L’appareil diplomatique et les diplomates marocains qu’ils soient officiels ou parallèles, doivent sans plus tarder se doter de moyens d’information et de communication modernes et efficaces. Internet. Surtout qu’Internet a permis aux séparatistes du Polisario d’amplifier la dynamique de déterritorialisation de leurs activités et favoriser de nouvelles techniques de propagande, de recrutement et de mobilisation. Mais si nous réagissons de la bonne manière, elle pourrait également devenir une réelle menace pour eux, tant ils ont axé tous leurs efforts et leurs stratégies de communication sur un seul canal, à savoir Internet.

Comment encourager la diplomatie parallèle?
La dynamisation de la diplomatie parallèle requiert une approche globale bien définie, basée sur une nouvelle stratégie qui s’appuie sur une dimension pratique et une autre institutionnelle. Il est temps d’institutionnaliser cette diplomatie, d’appuyer et de coordonner les efforts de tous ses acteurs pour en faire un moyen efficace et efficient au service des intérêts et de l’image du Royaume. Pour nous, dans le Centre marocain de la diplomatie parallèle et du dialogue des civilisations, nous voyons que la manière dont a été géré un certain nombre de dossiers pour que la création d’un Conseil national de politique extérieure devient nécessité absolue. Ce conseil doit englober toutes les sensibilités et tous les acteurs. L’Etat doit bien sûr accompagner ce conseil afin de définir des référentiels clairs et unifiés.

Quelles sont les actions menées par votre centre?
Le Centre mène des activité diversifiées pour toucher les différentes instances nationales et internationales concernées par son champ d’action, notamment les partis politiques, les organismes internationaux, les ONG et les représentations diplomatiques. La rencontre organisée, jeudi dernier, à Rabat rentre dans ce cadre. Le Centre publie également des «rapports académiques» relatifs à la vision du Centre de l’interaction du Maroc avec son environnement régional et international.

Quelle analyse faites-vous de l’affaire d’Aminatou Haidar?
Vous savez c’est aussi simple que cela. La personne concernée ayant eu la sagesse de remplir sa fiche d’embarcation en spécifiant qu’elle rentre au Maroc. Il fallait réagir avec sagesse et accepter son retour chez elle dans son pays le Maroc. C’est un comportement qui prouve le respect des droits de l’Homme et de la démocratie et surtout de la responsabilité et de la prise en considération des intérêts suprêmes du Maroc. Maintenant qu’on est en face d’une citoyenne marocaine, mais citoyenne traitresse, il faut appliquer la loi, et certainement, il y a des articles dans le code pénal qui sont prévus pour gérer ce genre de situation. Mais cette affaire montre une nouvelle fois à quel point les TIC (Internet et TV satellites) influencent l’action diplomatique et agissent dans les relations internationales, la vraie bataille contre le Polisarion est, désormais, une bataille de communication médiatique. Il ne suffit pas d’avoir raison ni d’avoir le droit de son côté pour gagner ce genre de bataille. Nos responsables doivent en tirer les conclusions qu’il faut.
La «république» polisarienne ne se trouve pas à Tindouf. Elle se trouve sur le net et dans les médias espagnols, et c’est là où il faut la combattre.

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